Ils roulent maintenant depuis une heure.
Hormis le ronronnement du moteur, on entend aucun bruit dans la voiture.
Marie-Christine tient son sac à main serré contre elle. Elle est tendue et ses lèvres sont serrées. Noël conduit souplement sur la route de campagne.
Après une vingtaine de kilomètres, il ralentit, met son clignotant, et s'engage dans un chemin mal indiqué. La voiture brinqueballe dans les ornières.
Finalement, ils s'arrêtent dans un sous bois.
L'air est tiède et le soleil perce à travers les arbres.
Marie-Christine ne connaît que trop bien cet endroit. Elle réprime un frisson et se force à garder son calme.
"Descend" lui intime Noël, toujours aussi peu aimable.
Marie-Christine obtempère. Mais a-t-elle vraiment le choix ? Elle reste debout auprès de la portière, ne sachant que faire.
"Tu vas m'aider à creuser" lui dit Noël en sortant deux pelles du coffre.
Marie-Christine se décide à essayer de raisonner Noël.
"Mais pourquoi veux-tu faire ressurgir le passé ? Tu sais bien que c'était un accident. Il ne sert à rien de revenir là dessus. Tu vas faire souffrir tout le monde. Allez viens, allons prendre un café. J'ai de l'argent si tu veux. Je peux te donner de quoi redémarrer une affaire. Personne n'en saura rien"
"Un accident ?" lui rétorque l'homme "Un accident qui m'a valu 15 ans de cabane. Et encore, j'aurais dû y rester 20. Et ce n'est pas tes visites qui ont adouci mes journées. Comment peux-tu me demander d'oublier que tu n'as même pas essayé de me disculper ? Tu savais la vérité et tu n'as rien dit".
L'homme sent monter en lui toute la rage contenue pendant ces années d'isolement, loin des siens, loin de son village et du garage de son père. Il a aujourd'hui 33 ans et il a passé ses meilleures années derrière les barreaux.
Jugé coupable d'un crime qu'ils savent tous les deux qu'il n'a pas commis.
Et la mine contrite de cette pimbêche de Marie-Christine ne fait qu'amplifier sa colère.
"Ca, ma jolie, tu vas me le payer. On va retrouver ce cadavre et tu vas m'accompagner à la Police. Ce sera la dernière fois que les poulets me verront chez eux. Mais une fois que j'aurai lavé mon honneur, je disparaitrai et vous n'entendrez plus parler de moi. Tu pourras retourner à ta vie misérable de petite notable de province. Et tant pis si ton mari te découvre sous un jour moins glorieux. Ah, ça c'est sûr, il va descendre de son petit nuage, le petit Jean-Michel"
PS : tout au long de l'été, retrouvez les aventures de Marie-Christine par épisode.