mardi 19 janvier 2010

snobismes parisiens #6 : en attendant le printemps


C'est l'heure pour une nouvelle cargaison de snobismes parisiens, à l'intention des provinciales, mères au foyer, femmes de militaires, voire habitantes de contrées lointaines aux sonorités gutturales.
Pauvres hères perdues dans la jungle des tendances inratables absolument indispensables pour survivre à un dîner dans le 92, et/ou avec des publicitaires et/ou des fashionistas, séchez vos larmes, je suis là.

On commence par Karl Lagerfeld. Il faut aduler Karl et se répéter ses (rares) interventions sur Twitter comme des mantras qui vont changer l'ordre de l'esthétique mondial. Par exemple " I love advertisements. I'm fascinated by intelligent, brilliant ads: finding slogans that can tell a story in thirty seconds"
Message personnel à Karl : tant qu'il y est, pourrait-il remettre au goût du jour sa langue maternelle ? Rapport à Jeanne, 12 ans, qui lit Elle et qui fait de la résistance anti-allemande un combat quasi quotidien.

Il faut suivre Twitter. D'abord décrié, puis moqué, aujourd'hui le site de micro blogging commence à trouver son rythme de croisière. Avec des justifications hautement louables : on ne compte plus les belles histoires autour de l'Iran, de Haïti, de la Chine qui démontrent la portée libératoire d'un site qui permet de poster de courts messages en temps réels pour rendre compte d'une situation critique. En vrai, on s'en sert surtout pour suivre ses bloggers préférés ou guetter les photos de Demi (Moore) au naturel (?!) postées par son chéri Ashton (Kutcher).

Il faut faire comme si on venait seulement de découvrir comme c'est bien de ne pas porter de talons. Mais attention. On reste clâsse et on ne se vautre pas dans la tatane sans forme, hein. On découvre avec ravissement les zizis de Repetto (les chaussures "à" Gainsbourg" depuis que "Jane en acheta une paire un jour par hasard dans une boutique en solde"), les ballerines Chanel, les Nike Air vintage, les richelieu Churchs.
Et on continue à rêver devant les stilettos et les talons bobines.

Malgré les injonctions sans appels des magazines féminins, on constate une résistance certaine à l'adoption des collants plumetis (introuvables) et des cuissardes (que personne n'a jamais compris comment porter). En revanche, belle percée des jeans en provenance d'Hiroshima, des capes et des peaux de bêtes portées en gilet. Stabilité sur le front de la UGG et de la doudoune noire à col en fourrure.

Il faut aimer les jeux de société. Les soirées jeux entre amis. Halte au Poker (trop Bruel), le Bridge (trop.. trop), le Monopoly (trop premier degré et tellement peu adapté aux nouveaux quartiers chics de la capitale). Vive le baby foot, Le Jungle Speed et le Uno version adulte. La table de la salle à manger redevient le pivot du salon, on peut fumer et boire dans la même pièce et laisser revivre en nous la bête tapie dans l'ombre pendant des années de dîner-assis-service-3-plats.

Il faut aimer les années 70. On se régale des photos de Delon, Dutronc, Gainsbourg, Véronique Sanson période pré choc pétrolier. On ressort les capelines et les manteaux ceinturés. Les odeurs musquées et le céleri rémoulade. Préparez-vous au retour des poils sous les bras...

Il faut boire de l'eau du robinet. On lèvre un sourcil dédaigneux à la simple évocation des eaux vitaminées, des eaux enrichies en magnésium et en parfums naturels de Maté déthéiné. On est pur, on est roots, on boit de l'eau qui coule à volonté.

Il faut aimer les rondes. trouver ça merveilleux que les photographes de mode fassent des séries avec des femmes grosses même si ce n'est pas dans des positions toujours flatteuses et que les designers fassent défiler des mannequins taille 40 (pas plus, vous rigolez ou quoi ?). Condamner sans appel les acharnés des retouches.
Se déclarer soulagées de ce juste retour des choses après des années d'excès.
Et boire des lire de Kusmi Detox (miam) pour chasser les kilos de Noël.


PS : comme d'hab', je sous supplie de retenir la tonalité légère et bon enfant de ce billet. Un jour, je le sais, moi aussi, je serai horrifiée d'avoir pu écrire des choses pareilles. En attendant, j'adore. C'est ma faiblesse, que voulez-vous..

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