dimanche 3 juin 2012

A l'eau

Black and Oakland

Dimanche 10 heures 40, ma sparring partner de course me pose un lapin.

Mûe par une envie soudaine de ne pas laisser perdre cette belle énergie dominicale et probablement boostée également par un régime de petit déjeuner particulièrement adapté (croissant, thé plus café et pain beurre confiture - le secret des champions), je décide de troquer 10 kilomètres dans les bois à papoter avec ma copine par 1 kilomètre à compter des carreaux de céramique dans un bouillon de culture tiède et vachement habité, seule et le nez aromatisé au chlore.

Mon héroïsme me fascine déjà par anticipation.

Je décide d'aller au bout de l'effort en enfilant mon maillot de bain le plus laid. Culotte montante, soutien gorge carré. le jour où je l'ai acheté, je devais avoir confondu plage avec monastère.
Pantalon informe, sweat shirt itou, espadrilles.
D'aucuns diraient que je colle pile à la tendance cozy-low key-décontracté.
Ils sont gentils. Ou aveugles.

Et hop, avant que mon cerveau anesthésié par le croissant pur beurre ne se réveille, je saute dans l'auto, me gare devant la piscine, donne ma carte à la dame, me met en maillot, enferme mon sac dans le casier, passe sous la douche et hop dans l'eau.

Pas réfléchir, pas me rendre compte de l'absurdité de la situation.
Nager sans m'arrêter en suivant une ligne de boudins comme on tient sa droite sur la RN 13 est tout à fait normal.
Se faire doubler par des fangio en mal de vitesse aussi.
Qui confondent couloir de nage et piste des 24 heures du Mans aussi.
Qui doublent, arrosent et s'étalent comme un baba dans son rhum, aussi.
Avoir une furieuse envie de les assommer aussi.

Au bout d'un moment, je perds la notion du temps, je ne vois plus le chlore, l'armada de slipous noirs et de chapeaux en alu gris, l'absence des Alains Bernards et des Laures Manaudous à la carrure athlétique et éclatante de santé, obnubilée par le décompte des longueurs qui me rapproche de ma bouée jaune et demie.

A 20, je ne sais plus si je ne suis pas à 19 ou à 21.
Je profite de la disparition du bassin des Fangio pour rajouter deux tours.
Je suis Super Jamie et Steve Austin en même temps.
Mon corps est une machine.

Finalement mon énergie me fait peur.
Je sors de l'eau, marche en apesanteur sous la douche.
Re- verstiaire, re-pantalon informe et sweat shirt itou.
Mon regard me croise dans la glace.
Oh ! On dirait Charlie dans "où est Charlie ?"

Retour voiture,  retour maison.
Goulou goulou à la bouteille d'eau et fruits secs.

Soupir.
Yeah, je suis trop forte. A moi le gâteau de la fête des mère avec supplément crème.




PS : 11 heures plus tard, je me traine dans mon lit comme une petite vieille. Vivement demain.







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