lundi 25 mars 2013

Au rayon lingerie


Monette
Il y a encore des endroits où l'on va pour acheter de la lingerie.

Dans les grands magasins, ce sont encore des alcôves à part, au sous sol ou au coin d'un étage.

Des boudoirs plus ou moins étendus, avec des sous vêtements qui attendent comme une armée immobile : des soutien gorges, des micro-slips et des culottes montantes, des dentelles légères comme un souffle et des corsets hérissés de baleines.

Des produits qu'on a envie de toucher, dont on sent le travail fragile et précis rien qu'en les caressant des yeux.

On voit de suite les dessous qu'on va vouloir mettre dessus, les dessous qui donnent confiance, ceux qu'on rêve de montrer aux copines et ceux qu'on cachera à tout le monde. Et puis ceux qu'on aimerait porter rien qu'une fois pour voir ce que ça donne, sentir si on se sent différente avec, plus forte, plus fragile, plus voluptueuse.

Il y a les conseillères de ventes et les assistantes de cabine d'essayage

Des cabines d'essayages feutrées, aux couleurs poudrées, à la lumière plus douce, comme tamisée. Des téléphones pour ne pas avoir à sortir quand on s'est trompée de taille, et que non, non, non on ne peut pas sortir dans cette tenue.

Il y a des confidences sans concession que l'on saisit au vol entre une vendeuse et une cliente. Des questions indiscrètes et des réponses sans honte échangées sans vraiment y penser. Des femmes qui veulent gommer leur ventre mais pas leurs fesses, d'autres qui veulent une plus belle silhouette ou un parure pour un rendez-vous amoureux.
Il se tisse alors entre les deux femmes un lien immédiat, éphémère et  intense : acheter de la lingerie, ce n'est pas acheter des chaussettes, il y a derrière des tabous, de la séduction, de l'estime de soi et de la compétition. Le refus de vieillir et l'envie de séduire. Exalter sa féminité ou la gommer.

Et parfois, au milieu, on voit un homme. Un jeune père avec un bébé qui reste à l'entrée du salon d'essayage et échange des banalités sur son fils qui s'agite dans sa poussette pendant que sa mère disparait derrière le rideau d'une cabine. Un homme qui regarde à distance les modèles sur les murs et s'éclipse. Un autre qui discute avec une vendeuse au dessus d'un bac de promotions et qui fait mine de ne pas voir le ballet des clientes autour.








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