lundi 17 juin 2013

L'appel de la jungle


Jungle fever


Je comprends
Parfois à force d'être une icône, la pression est trop forte et on dérape.
Juste un petit grain de sable dans une mécanique bien huilée, une micro tâche de ketchup au milieu d'un t-shirt blanc, là, pile à la place du coeur

Personne n'est à l'abri de cet trou noir qui apparait de nulle part et vous happe.
Là, c'est une peau de bête
Je comprends

Tu marchais les pieds nus sur la dalle noire et usée de ton chalet du Wyoming. 
Une cahute luxueusement dépouillée, loin des photographes et de Hollywood.
Il faisait chaud et tu avais juste enfilé un pantalon de toile beige au saut du lit pour aller voir le soleil se lever derrière les montagnes
Un matin encore frais dans une journée qui s'annonçait lourde et moite

Les pieds nus sur la dalle noire, de la chambre à la porte fenêtre
Et devant la cheminée, sur ta droite, la tête endormie pour toujours du puma chassé il y a bien longtemps par l'ancien propriétaire du chalet, un vieil original, dingue de chasse et de safaris
Une peau de bête mitée abandonnée devant le foyer et que personne ne regardait plus
Le cerveau encore embrouillé de sommeil, les yeux éblouis par les rayons du soleil
Tout à coup tu as eu envie de mettre la peau de ce pauvre cougar sur ta tête

Bien sûr
Je comprends ça
On a tous besoin de faire un câlin à ses tapis, c'est humain

La peau rêche contre la peau nue de ton dos, la tête lourde sur ton épaule, tu es resté là face au soleil, à goûter la fraicheur du matin
Et puis tu t'es retourné au moment ou Bill est sorti de la cuisine.
Sans rien dire, il a saisi son Leica et t'a demandé de prendre la pose
Et toi tu l'as fait
Bill est un vieux pote, c'est normal, et puis c'était une chouette idée de photo.

Après tu as jeté négligemment le cougar à sa place et vous êtes allés prendre un café face à la montagne, en attendant que les autres se réveillent et que vous puissiez la faire, cette ballade à moto sur les hauteurs.

Normal.



LinkWithin

Blog Widget by LinkWithin