mardi 21 août 2012

Trainstagram


Dans le train, sur le quai, j'aime jouer au reporter  undercover. M'imaginer dans la peau d'une touriste et ouvrir les yeux sur mes voisins. Prendre en photo des loucedé et enregistrer les pépites de vie qui transparaissent entre deux gares.


Le businessman épuisé, tout échaubouilli, planté devant une affiche de bière en rêvant de pouvoir la boire, là, tout de suite, cette petite mousse bien fraiche qui lui fait de l'oeil.



L'homme super preppy comme on en pensait  n'en voir que dans les pages 68 à 84 de GQ  : les pieds nus dans ses mocassins bicolores, le pantalon mandarine, le tricot rayé et le blouson.



Une jeune fille à l'air sombre, plantée dans des chaussures otrthopédo-gothiques qu'on imagine lourdes comme des enclumes.


Deux femmes en enfilade, l'une toute en guipures, voiles et brillants sur fond de blanc éclatant et juste derrière son contraire tout de noir et de flou vêtue, les yeux plantés dans le vague et le casque DJ qui hurle silencieusement "laissez-moi tranquille"

Et l'autre jour la petite fille, la bouche ouverte, écrasée de sommeil contre sa maman au regard serein.

Ou cette femme au téléphone, en pleine crise passionnelle avec un amoureux discourtois, tellement concentrée sur son drame que ses voisins toussent, gênés et se sentent voyeurs d'un drame qui les dépasse.





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