samedi 25 décembre 2010

Sans embûche



(Jour de Noël - 17 heures, l'heure du dessert.
Les convives ont les joues roses, l'estomac plein et il flotte dans l'air un genre de doux contentement paisible et cotonneux.
Sur la nappe blanche, les reliefs d'un repas subtilement arrosé de vins ambrés et chauds comme l'été 89 d'où ils viennent.
On entend dans la pièce à côté le ronflement du fusil MP5-5 du presque dernier. La dernière, elle, commence à s'impatienter à l'étage.
Dehors, la nuit tombe sur une journée froide, venteuse et ensoleillée)

La maîtresse de maison apporte sur la table le dessert de fête.
Bûche maison. Toute au beurre, bien sûr.
Le gâteau, la crème. Tout.
D'aucuns la trouvent un peu écoeurante mais c'est un incontournable vénéré.
De ces plats totems qui concentrent en 15 centimètres tout l'esprit de Noël de cette famille.

Sur le gâteau couleur crème, le Père Noël fanfaronne. C'est son jour de gloire.

"Hopalaba !
Sont pas très nombreux cette année.
(il compte mentalement)
12.
Petite équipe.
Et petite bûche aussi. Mon terrain de jeu va être limité et ma mort rapide.
Et ce n'est pas le simili daim qui m'accompagne cette année qui va me faire de l'ombre.
Je suis le Roi du Monde !
(Il gonfle le torse et toise l'assemblée du haut de ses 4 centimètres ronds et rouges. avant de s'arrêter bruquement et de tousser)
Quoi ? Mais que vois-je sur ce plat devant moi ? Me toisant de sa parfaite plastique bicolore ? Une bûche glacée ? Brrr.
Une concurrente industrielle - certes locale - mais industrielle quand même.
Tout fout le camp et moi avec.
Ne me reste plus qu'à affronter mon dernier combat.
Je mourrai dans un plat vide ou mon honneur sera bafoué à jamais.
Allez, heureux convives, choisissez-moi ! Rejetez les sirènes de la promesse d'un "dessert léger et frais, parfait pour clôturer un repas de fête convivial et festif" pour céder jusqu'au bout aux délices des déesses glycémiques, glucidiques et lipidiques. Elles sont vos plus fidèles, elles ne vous ont jamais trahies ! Avec une lichette de liqueur de mandarine, elles vous emmèneront sans faillir vers les bras si doux de Morphée leur amie...
(il se dresse une dernière fois... Et tombe dans les rares miettes d'un plat vite redevenu blanc comme au premier jour, pendant que sa rivale glacée ne peut que fondre, innocente victime d'un combat inégal)

1 commentaire:

  1. Je déteste la buche.... je déteste Noël et tous ses excès qui rappele aux gens seuls qui le sont encore plus...
    Moi cela a été fromage, vin rouge et bataille de boule de neige (preuve sur le post du jour !!!

    Isis

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