Le Pinterest de Fanny Grangier |
On n'en parle jamais et pourtant, si l'on n'y prend garde, ils nous envahissent aussi vite que la menthe dans un carré des simples abandonné.
Ces petits papiers, prospectus, échantillons de parfums, facturettes de carte bleue, cartes de visites, tickets de métro (certains usagés et d'autres non), cartes postales et reçus de magasins.
Chaque jour, comme la marée, ils arrivent sournoisement et colonisent jusqu'au moindre recoin, jusqu'au moindre bout d'étagère oublié.
Ils sont l'algue verte des maisons, la chienlit des parterres, les pigeons des parcs. Détournez les yeux et vous vous vous retrouverez tout à coup face à un champ de désolation.
Loin, loin, la beauté irréelle, épurée, reposante des photos de magazines.
(la suite après le saut)
Sur le banc de l'entrée, un crayon de couleur sans mine.
Sur le plan de travail de la cuisine un domino qui a perdu ses copains, un magnet moche mais qui rappelle des souvenirs et une paire de lunettes de soleil. Sur les marches de l'escalier, un dépliant sur le compostage et au fond du canapé deux piles LR6.
Dans le tiroir de la salle de bain, une petite auto Majorette, trois tubes de crèmes pas tout à fait vides et des barrettes et une notice de médicament. Et un jeton (rouge) de Puissance 4).
Sur la table du salon, un calendrier offert par le chauffagiste et un autre par le pharmacien, dont on ne sait que faire mais qu'on n'ose pas jeter, un vieux pot de pate à modeler toute sèche, une coque de jouet Kinder et plein de crayons plus ou moins en état de marche. Et un rouleau de scotch. Et un collier d'ambre. Des relevés de banque encore dans leur enveloppe et des invitations de l'école pour la galettes des rois, la conférence pour les ados, le loto et le vide grenier.
Videz un tiroir totalement. Attendez 1 semaine et vous le retrouverez plein à coup sûr. C'est mathématique. Le vide appelle la merdouille qui traine : chargeurs de téléphone, d'ordinateur, de tablettes, d'appareil photo, barrettes en vrac, trombones, paquets de chewing-gums entamés et blocs de papiers. Sans oublier les bic rouge (vous aussi vous avez remarqué que quand on cherche un crayon, on trouve toujours un bic rouge. Très persistant le rouge)
C'est moche et polluant pour nos yeux assoiffés de beauté et d'harmonie. Mais pire encore ça fait écran aux choses importantes, celles dont on a besoin ou qu'on aime vraiment. Celles qui sont là parce qu'elles doivent y être.
C'est une bataille sans répit, une attention de chaque instant, des réflexes absurdes pour ne pas encore chercher le papier qu'il faut rendre ce matin, là tout de suite à 8 heures 17 et qu'on était sûr d'avoir rangé à sa place sur le guéridon.
J'aimerais tellement avoir un aspirateur sélectif, qui élimine uniquement les trucs qui ne servent à rien.
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