Une histoire au bord de l'eau, c'est évident.
Et puis le ponton de bois, les chaussures de la fille font très américains, John Irving, Ne le dis à personne, Homeland et les grands lacs.
Sa tenue sent bon l'Ivy League et la grande fille élevée aux Corn Flakes et aux verres de lait. C'est l'Amérique qui nous fait rêver, Kennedy et les grandes virées en famille dans le chalet tout en bois.
La fille est mince comme un fil, sportive, elle n'a pas froid aux yeux. C'est l'héroïne, il va lui arriver des trucs.
Mais le titre, c'est la météo marine, la litanie des zones météo et l'annonce des coups de vents et des houles qui commandent les sorties en mer.
C'est l'odeur du plastique tiède de bateau, le mouvement presqu'imperceptible de la coque sur l'eau, les crachotis de la radio de bord, le canal 16 et le crayon en bois taillé au couteau de mon père qui note, attentif sur son carnet ce que dicte la voix lointaine et mécanique du Cross Corsen.
Le Cross Corsen, ça ressemble à un nom de personnage un peu inquiétant de bande dessinée que pourrait lire mes frères, ces "c" et ces "r" à répétitions, ça fait un peu peur. Mais heureusement, ça se termine en "ennnn" et le "ennn" ça sonne familier, ça sonne breton. Depuis toute petite, j'imagine des hommes en pull marin bleu marine en haut d'un phare, qui regardent la mer avec des jumelles, sans relâche, et qui arrêtent les pirates, guident les marins et lisent le ciel pour donner cette météo reçue comme la becquée par tous ceux qui larguent les amarres.
Mer agitée à très agitée, c'est promesse d'escale qui se prolonge, de ballades sur le port et de crêpes au sucre qui fondent sur la langue. Ou bien, si vraiment on est obligés de partir, c'est synonyme de journée engoncée dans un ciré qui donne mal au coeur, à regarder un horizon flottant et un mouvement de vagues jamais régulières qui donnent au bateau des allures de bouchon de liège dans une baignoire géante.
Et la fille sur ce ponton, c'est moi, adolescente, allongée sur le plat bord du bateau au vent arrière et qui rêve en regardant la course des nuages dodus et tout blanc dans un ciel tout bleu. C'est moi l'héroïne, mais il ne m'arrive pas de trucs.
Trêve de rêverie, si vous aussi avez été titillés par cette couverture, découvrez son résumé ci-dessous. Et on s'en reparle bientôt !
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