Designspiration |
Un jour on se réveille avec l'envie furieuse de casser les murs, de se débarrasser de ses vieux torchons moches, des couettes sans âge et des serviettes de toilettes devenues grises comme une peau de Parisien restée loin de la mer trop longtemps.
Un jour on a envie de vivre enfin dans ses boards Pinterest
Alors, pendant des mois, on consulte 4 entrepreneurs plus ou moins à l'aise en Français et en contact client, on fait évaluer sa maison par une agence immobilière ou deux, on demande leur avis à un architecte, un copain qui est de la partie, ses parents, ses frères et soeurs, les voisins et la bonne copine qui a l'oeil, son banquier, et puis on fait déborder ses boards Pinterest d'encore plus d'intérieurs de rêve.
On s'y voit déjà.
Et puis un jour, l'entrepreneur arrive et dit en rangeant le devis enfin signé dans sa sacoche, "ok, on démarre dans une semaine"
(…)
Et là c'est un peu comme si on entrait dans une zone parallèle, une planète hors système solaire.
Un univers nimbé de poussière de plâtre et d'odeur de ciment frais, et dont la couleur dominante est le blanc. Blanc comme le t-shirt des ouvriers, blanc comme les alignements de baignoires chez Lapeyre, comme les dizaines de référence de carrelage de salle de bain, les crédences de cuisine, les mille et une nuances de blanc de peinture pour les murs, blanc comme les traces laissées par les travaux jusqu'au fond de son sac à main. Blanc comme nos cerveaux après 4 heures à comparer des qualités de parquets.
Un univers où le temps est comme distendu, compressé, et échappe à toute logique terrestre. Un univers où la maîtrise du calendrier est une chimère que l'on essaie pourtant d'attraper avec la ferveur d'un enfant lancé à pleine vitesse sur un manège, les bras tendus pour attraper la queue du Mickey et gagner un tour de plus.
Un univers peuplé d'émerveillements (oooooooh chéri tu as vu ce carrelage ?), de cris d'effroi (oooooooh chéri tu as vu ce carrelage ?), et de cris de pure félicité (oooooooh chéri tu as vu ce carrelage ?)
Un univers où on apprend à toute vitesse des tas de trucs qu'on n'imaginait même pas il y a encore 2 mois.
Un univers où on passe de heures à chercher le juste compromis entre le haut de gamme intouchable (95% de ses photos accumulées sur Pinterest) et le bas de gamme pas-possible-attends-on-s'endette-pas 10 ans-pour-acheter-ça.
Un univers monomaniaque où on se surprend à être obsédés par les robinets pendant plusieurs jours. Au point de prendre des dizaines de photos de robinets. Chez les copains, dans les restos, en devanture d'un magasin et dans les magazines. On serait presque capables de prendre en photo la télé si le robinet auquel Clive Owen se lave les mains à la 46ème minute du Fils de l'homme nous plait.
Avant que la décision prise, on ne passe à l'obsession suivante.
Un univers où les hommes de l'art font comme s'ils ne remarquaient pas nos yeux de lapins crétins, effarés par leurs questions.
(à suivre)
et la suite ? LA SUITE LA SUITE LA SUITE...........................!
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