dimanche 24 janvier 2016

Paye ta tong Hedi



Hedi Slimane diary



Un jour ou l'autre, il y a des détails qui finissent par nous trahir. On a beau se bâtir une belle carapace de légitimité, paf, un jour ou l'autre et comme disait ma prof de français de 1ère d'une voix mélodramatique et un peu snob ,"le vernis craque"

Prenez Hedi Slimane par exemple.
Un couturier à qui on doit le retour en grâce des silhouettes androgynes, du pantalon surslim y compris pour les garçons et de la glamourification du look cinq heures du mat j'ai des frissons, je claque des dents et je monte le son.
Collection après collection, le tableau se précise et s'enrichit par des travaux photographiques publiés partout. et d'abord sur son journal de bord.
L'affaire est entendue.
L'univers est dark et rock.

Mais voilà le couturier qui rejoint la maison Yves Saint Laurent, traine ses égéries habituées au fog londonien et tout le bureau de style sous le soleil de LA, Californie.
Tiens, tiens.
Pourtant le décor reste noir et blanc, le collant filé et les yeux toujours aussi fatigués.



Et c'est tellement normal. Hedi Slimane est né autour des années 70, il avait donc 20 ans autour des années 90. Pur produit X biberonné aux Sex Pistols, au Velvet Underground, aux Who et plus tard à Nirvana et aux B52s, voire même peut-être Jane's addiction.
Tout cela sent la cave, la sueur, les riffs, le cuir noir, le marcel blanc, la chaussure pointue et les Stan Smith usées. Une histoire piochée dans l'histoire, un refrain qui marche à tous les coups.

Voire.
Ce serait aller bien vite sur l'autoroute réconfortant de la caricature.
Parce que voilà t'y pas que le gars nous rappelle l'autre versant des années 80. Le sunny side, le cheap side, le j'e m'en fous side. Le soleil qui pointe et le doigt du pied qui crie de l'air.

Et il nous ressort LA tong de la génération X.
Achetée 10 balles de Logonna à Malibu. Semelle épaisse et lanière en tissu. Qui isole du sable chaud et du bitume qui pique. Qui va avec rien et donc avec tout. Qui fait surfeur (l'arc en ciel) mais pas trop (le noir de la semelle).  Portée par les rockeurs, le prof de voile et la minette du lycée habillée en Pimkie.
Indispensable.
On croit qu'il fait une sortie de route incroyable, qu'il a abusé du soleil et de ce qui va avec alors qu'en vrai il ne fait que marquer encore plus l'empreinte de sa génération.




Ssense



D'aucuns verront dans ce revival étonnant une démonstration supplémentaire de la dérive du luxe. What ? 350 euros une paire de tong en caoutchouc et coton ? Même fabriquée en Italie, ça fait cher la nostalgie.

D'autres se diront "chic, cet été mes nu-pieds vont me couter que dalle" et vont attendre le réassort annuel du Shopi pour se chausser façon Saint Laurent.

Et puis d'autres enfin souriront ainsi d'avoir en un instant et pour pas un rond, replongé dans leurs souvenirs d'adolescence. Et c'est délicieux.

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