mercredi 26 avril 2017

Viens dans ma bulle


crédit : unknown


Il y a 7 ans, Ed Pariser, serial entrepreneur du web, nous mettait en garde contre les Filter Bubbles, cet enfermement provoqué par les moteurs de recherche Internet, qui, à force d'enregistrer des informations sur nous au fur et à mesure de nos demandes, finissent pas nous enfermer dans une petite communauté rassurante et quasiment étanche. Il expliquait les dérives d'un tel isolement avec des noms sympathiques comme aveuglement, communautarisme et tout un tas de mots en "isme" qu'on n'aime pas.
Il en a fait un livre et une conférence TED (ici, disponible avec sous titres si vous ne maîtrisez pas l'anglais).

Aujourd'hui Politico, site d'information américain, publie une longue enquête (les Américains aiment beaucoup écrire des articles très longs) très documentée et illustrée de travaux de sociologues sur la bulle des médias (américains), dans une tentative d'explication de leur incroyable fiasco lors des dernières élections américaines.
Cet article au titre bien flippant :  "the media bulbe is worse than you think" ("la bulle des médias est pire que vous ne l'imaginez") explique comment la bombe atomique Internet a complètement dynamité les médias et les entreprises de pointe américaines (la fameuse tech aux réussites faramineuses) et a créé un tout petit univers parallèle, auto-suffisant et auto-satisfait qui contrôle la prise de parole sur les grands canaux de communication.
En gros : exit les feuilles de chou locales dans tous les patelins avec leurs journalistes qui allaient boire le coup au bistrot du coin et se plaçaient à hauteur de la communauté, et place aux gros conglomérats nationaux qui pilotent l'avion à 7000 pieds au-dessus d'un tapis de nuage blanc et cotonneux sans jamais trop regarder ce qu'il y a en dessous.
Forcément ça crée des malentendus.
Des gros malentendus, car même avec la meilleure volonté du monde, difficile de garder les pieds sur terre quand votre univers professionnel se résume à 5 boites et 4 quartiers de 3 grandes villes, qu'on a fait tous les mêmes écoles et qu'on ne connait la province qu'en week end dans des locations rustiques tellement authentiques mais 5 étoiles.


(la suite après le saut)



L'objet ici n'est pas de jeter l'opprobre sur Internet (c'est un peu facile et puis de toutes façons, personne ne va décider de jeter toutes les bornes Wifi et les Box à la poubelle tout de suite).

En revanche, on imagine cependant sans mal comme nos rédactions hexagonales doivent avoir les traits bien tirés ces jours-ci.
Même en multipliant les reportages dans "nos belles régions", les micro-trottoirs et les témoignages émouvants de cette France super attachante et pourtant si surprenante aussi parfois (et même parfois un peu effrayante, allez si, avouez le), en sondant les sondeurs et leurs échantillons représentatifs et leurs études qualitatives, ils auront bien du mal à se poser en porte-parole de citoyens qui vivent à des années lumière d'eux.

En attendant, nous, déjà, on peut se dire qu'il est urgent et nécessaire de saisir toute occasion de sortir de nos bulles en allant à la rencontre de tous ceux que l'on croise sans jamais voir.

Ok, ça ressemble un peu à un prêche de dimanche (juste avant d'entonner, le coeur en joie et les papilles déjà alléchées par la promesse du poulet rôti qui s'annonce "allez vous- en sur les plâ-aces et sur les parvis") mais vraiment, c'est important.

Achetons  nos journaux locaux, lisons le magazine de la ville, discutons avec nos voisins et sortons de nos satanés bulles pour embrasser le monde, l'air et les deux joues de nos lointains cousins.


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