Mais qu'est-ce que je fais là tout nu, exposé à tous les regards dans un magasin de décoration et d'ameublement contemporain du 7ème arrondissement ?
1490 Euros et la mention "peut être restauré" sur l'étiquette.
Tu parles.
C'est que j'ai pas qu'un peu froid, moi.
J'aime le velours, le brocart, la soie sauvage, les tissus damassés.
Il parait qu'il y a une clientèle pour ça aujourd'hui. Des meubles bruts, sans artifice, pour décorer des lofts, "contemporainéiser des intérieurs Haussmanien".
Mais moi, je vis pour qu'on s'assoie sur moi.
Pour les petites fesses et les derrières imposants.
Pour que l'on se repose des fatigues de la journée, pour les dîners en ville, les thés entre amis, les potins polis et les plus infâmes bruits de couloirs. Les confidences et les silences.
Les après-midis paresseuses avec un magazine ou un vieux livre de poche, gros plaid et tisane sous le coude.
Les miettes de cakes à 18 heures et les coupes de champagne qui débordent à 21 heures.
Les poils de chat et les pattes de chiens.
Les intérieurs cosy au coin de la cheminée, les boudoirs et les chambres de jeunes filles.
Les sacs à dos, les cartables et les jolis réticules jetés négligemment ou posés précautionneusement de retour de ville ou du collège.
Pas pour être exposé comme un animal de foire.
Pas pour entendre une mère excédée répéter encore et encore à son petit garçon "Zadig, non, pas ce fauteuil, il n'est pas fait pour s'asseoir".
Pas pour sortir mes entrailles devant tout le monde.
Sauvez-moi.
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