lundi 6 janvier 2014

Un nouveau lundi

Carolyn draws



Ce matin, c'est le jour où toutes les conversations commencent par "bonne année", où l'on échange des baisers maladroits avec son patron, Sylviane, cette peste du juridique, Romain de la compta et Cédric, l'homme à tout faire qui fait le tour des étages pour agrandir sa collection de joues fraiches et poudrées. Juste avant de retrouver enfin le calme de son abri derrière l'écran en soupirant de soulagement.

Et puis, c'est aussi un lundi de janvier comme les autres, avec sa lumière tristounette, son frigo vide et la petite dernière qui tire sur la manche du pyjama de sa mère pour aller vite à l'école retrouver ses amis et la maitresse adorée. La maison vide et silencieuse que seul interrompt le ronron du lave vaisselle, les mails de reprise avec les copines entrecoupés de messages dégoulinants de voeux de toutes les marques du carnet d'adresse qui nous promettent pleins de bonheurs et surtout -30% dès aujourd'hui avec le code  "superprivilégiéeavantsolde".

Le vent a joyeusement envoyé balader tous les sapins de Noël emberlificotés dans leur sac doré, abandonnés sur les trottoirs sitôt Noël passé.



A la caisse du Franprix, une dame âgée aux yeux flous pose sur le tapis avec une lenteur calculée et précautionneuse deux yaourts, un pot de crème, un paquet de pates et et toute une collection de petites bouteilles en plastique remplies de vin blanc.

En traversant le square, j'attrape le sourire éblouissant d'une jeune fille en t-shirt qui pose comme Beyoncé devant l'objectif de sa copine, et puis je croise deux nounous en grande conversation, l'une tenant d'une main une poussette et de l'autre un petit garçon qui se dandine, haut comme trois pommes tout emmitouflé, les joues rouges dépassant à peine de sa cagoule réglementaire.

Devant l'école, les mamans parlent par dessus leur épaule pendant que leurs enfants se courent après dans la cour, avec les bras derrière pour aller plus vite. Le directeur, immobile et affable devant son bureau grand ouvert, salue les adultes et donne ses voeux comme un capitaine surveillerait le trafic du port à la coupée de son fier navire.

La petite fille quitte à regret sa classe douillette, attrape son doudou et se jette à la poursuite de ses copains sur le chemin du retour avant de fondre sur son chocolat chaud et sa compote en racontant la bouche pleine qu'elle a une nouvelle copine et qu'elle est invitée à son premier anniversaire "avec un gâteau"chez un garçon de sa classe.







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