Robert Kennedy et tout un tas de petits Kennedy sur l'eau |
Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus et les marins de Neptune.
Ainsi donc prenez un couple raisonnablement adapté à la vie citadine et plongez-le avec enfants de manière prolongée dans un univers aquatique et salé, sur un vaisseau portant fièrement voilure et haubans.
Vous constaterez assez vite que la femme arrive généralement à bord chargée de tout un tas de "détails" sans importance, qui, au mieux feront hausser les sourcils de l'homme, au pire le feront soupirer bruyamment.
Détails au nombre desquels on trouvera une trousse de de toilette dépassant le strict nécessaire du marin composé tout le monde le sait d'une brosse à dent et.. d'une brosse à dent.
Elle a même pensé à la crème solaire (double haussement de sourcils)
Mais aussi des victuailles absurdes depuis que le scorbut a disparu des océans : fruits, légumes, oeufs frais et yaourts (alors que tout le monde sait qu'il reste 5 boites de Hénaff et 6 bières à bord et que ça suffira largement. Pour deux jours).
Sans oublier tout un paquetage de pulls, chaussettes, gilets, polaires, bonnets, écharpes pour affronter le mois de juillet sans avoir les jointures de doigts bleuies par la petite brise frisquette qui va les emmener d'un seul bord jusqu'à l'étape de ce soir. Un dressing 24 fils qui laisse perplexe l'homme qui ne supporte pas de porter autre chose que sa peau, en dessous de force 7, et encore seulement au près serré (non, parce qu'au portant, on est bien abrités, hein ?)
Une fois le port quitté sans regret et le moteur coupé dès la sortie du chenal, les différences chromosomiques se font encore plus criantes.
Alors que la femme cherche à se caler au vent pour barrer sans avoir (trop) mal aux fesses et tout en gardant un champ de vision net et clair sur la grandeur de l'océan (et les casiers des pécheurs qui ont toujours le chic pour se placer en travers de la route indiquée par le compas) et sur ses enfants qu'elle vient de couvrir de protection 50 waterproof, l'homme lui, a super envie de se mettre sous le vent et de faire don à la nature et aux poissons d'un petit pissou, assorti d'un commentaire joyeux du type "ça c'est vraiment un plaisir de la vie, tu vois, pisser par dessus bord".
Rituel qu'il répétera à l'envi pendant la traversée, inversant ainsi les lois de la Nature qui veulent que les femmes ont de toutes petites vessies. Pendant ce temps, la femme, elle, devra attendre que les toilettes du bord se trouvent sous le vent pour pouvoir enfin descendre, fermer la porte et le petit hublot qui donne généralement pile sous les yeux du barreur, pour se contorsionner dans 2 mètres carrés et enfin, s'asseoir, généralement de traviole (la gite, on a dit) et pas très longtemps car stoppée en plein élan de décontraction par la voix mâle s'écriant "et t'oublie pas hein, c'est deux coups de pompes d'eau après la vidange !" ou, variante amusante à ses yeux "bon, c'est pas le tout, mais on va virer, là".
J'en vois au fond qui trouvent que j'exagère. J'aimerais bien.
Une fois la traversée accomplie, l'équipage arrive, les yeux brillants, les cheveux frisés comme un mouton d'Ouessant et les rides au coin des yeux légèrement mises en valeur par le soleil qui a "drôlement tapé, ce con" derrière les nuages. Pour autant, et au delà de ce tableau de communion familiale touchant, la fracture ne se referme pas.
Non non, ça serait trop facile.
Car alors que la femme ne rêve que d'une chose : une brosse à cheveux et un thon grillé sur le port, l'homme, lui, s'ouvre une bière et se cale dans son cockpit, à la fraiche, avec des cacahuètes et des chips. La bière est tiède, certes, mais il s'en fout. Il est bien.
PS : bien évidemment, toute ressemblance avec des faits vécus par votre serviteuse ou par ses proches ne serait que pure coïncidence. Comme tout ce qui est écrit dans ce blog, la part d'imaginaire de ces écrits est variable et difficile à estimer. Quoique.
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