Les grues jaunes et bleues surveillent la rade et le soleil
éclabousse les toits en tôles des hangars du port.
Au Moulin Blanc les voiliers blancs sont
alignés comme à la parade. Le regard embrasse une dernière fois l’immensité
bleue avant de plonger dans le vert de la rivière et de se perdre dans l’écran
du téléphone « C’est parti. Arrivée 18 heures 26 ».
A mesure que le train marque des arrêts dans les gares, le
ballet des « je crois que vous êtes à ma place, on est bien voiture 15, ah
non pardon excusez-moi » et des « si ça vous dérange pas ma place est
à côté place 29, merci c’est sympa » est le seul bruit qui masque le
ronronnement qui s’échappe des casques des passagers plongés dans leurs romans
animés.
Çà et les papiers alus qui dévoilent à mi parcours des crêpes au sucre et au chocolat. Car dans un train breton, ça sent la fraise et les crêpes et on entend au loin les accents stridents d’une bombarde. Je me demande si dans leur vol en remontant d’Ajaccio les passagers mangent du brocciu à la petite cuillère en écoutant iMuvrini à fond dans leur casque ?
Çà et les papiers alus qui dévoilent à mi parcours des crêpes au sucre et au chocolat. Car dans un train breton, ça sent la fraise et les crêpes et on entend au loin les accents stridents d’une bombarde. Je me demande si dans leur vol en remontant d’Ajaccio les passagers mangent du brocciu à la petite cuillère en écoutant iMuvrini à fond dans leur casque ?
A Rennes, une femme monte, installe sa valise en hauteur et
revendique une place occupée, avant de réaliser qu’elle confond ses billets et
que « non, attendez, je suis dans la voiture 6, oh la la mais c’est
l’autre train » et de partir en courant, en laissant sa valise.
(la suite après le saut)
(la suite après le saut)
Émoi feutré d’une passagère qui demande à voix basse à son compagnon si ce n’était pas un stratagème pour abandonner un colis piégé.
On la sent troublée, elle fronce les sourcils et hésite à héler le contrôleur qui passe, affable et tranquille dans les couloirs, avant de se raviser et de dire « bah, de toutes façons si elle explose, on mourra tout de suite, on est à côté ».
Gare suivante pourtant, elle lève la tête et pousse un soupir de soulagement
discret en voyant la passagère étourdie revenir toujours aussi pressée,
chercher sa valise avant de s'installer plus loin et de sortir des aiguilles à tricoter géantes et une amorce d'écharpe en grosse laine turquoise.
Une nonne passe, sourire extatique et regard lumineux. Une
vraie de vrai avec la robe grise, le voile gris et sous voile blanc qui encadrent
étroitement un visage nu et sans âge, ceinture en cuir marron et chapelet king size qui se balance à la taille.
J’attends les gendarmes de Saint Tropez mais ils tardent. C’est dommage, le
tableau aurait été complet.
Après le vert des prairies, les vaches qui paissent et la
marée qui monte, le train traverse à grande vitesse des étendues étrangement
plates habitées de grands champs jaunes et fleuris.
Mon voisin filme avec un appareil photo le paysage qui défile. Les contrôleurs contrôlent, affables et tranquilles et réclament, toujours affables et tranquilles, des amendes aux contrevenants qui
s’exécutent sans moufter.
La nonne repasse. On dirait qu’elle flotte au-dessus du sol.
Elle entame la conversation avec une jeune maman aux traits fatigués qui vient
de réussir à endormir son bébé sur la plateforme entre deux wagons. Elle explique aller à Lisieux. Lisieux, Sainte
Thérèse, son couvent, sa basilique, tout s’explique. Bon voyage ma soeur.
Un couple de tout juste trentenaires, boots et t-shirts de rock, engloutissent un paquet
de carambars aux fruits sans quitter des yeux leur téléphone.
Au Mans des géants quinquagénaires s’engouffrent dans le train en parlant fort une drôle de langue. Sur leur dos une veste blanche et une inscription en finlandais précédée d’un « team 24 H Mans ». Des cousins de Vatanen sans doute. Les clichés continuent.
Au Mans des géants quinquagénaires s’engouffrent dans le train en parlant fort une drôle de langue. Sur leur dos une veste blanche et une inscription en finlandais précédée d’un « team 24 H Mans ». Des cousins de Vatanen sans doute. Les clichés continuent.
Tout le monde baille et se tortille sur son siège. il faut chaud et la clim peine à renouveler l'air aromatisé aux presque 5 heures de voyage. Sortie de tunnel, mon voisin se lève comme un ressort et part se poster devant la porte de sortie. Un angoissé de la correspondance peut-être ? Ou un amoureux transi pressé de serrer contre lui son aimée qui l'attend.
Le wagon s'agite, on range les casques, on se frotte les yeux et on regarde sa montre en baillant.
Le wagon s'agite, on range les casques, on se frotte les yeux et on regarde sa montre en baillant.
Il est 18 heures 25 et le train entre en gare sans siffler, mais à l'heure.
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