Ah comme c'est délicieux ces moments où l'on se sent suffisamment sûr de soi pour oser affirmer son opinion sans faillir. Où l'on refuse de céder à l'admiration ambiante pour tranquillement faire part de ses doutes, sans cynisme si cruauté, mais avec une sérénité de bon aloi.
facial |ˈfeɪʃ(ə)l|adjectiveof oraffecting the face: facial expressions.nouna beauty treatment for the face.DERIVATIVESfacially adverbORIGIN early 17th cent. (as a theological term meaning ‘face to face, open’): from medieval Latin facialis, from facies(see face). The current sense of the adjective dates from the early 19th cent.
Un jeudi soir de début d'automne, après deux épisodes haletants de Homeland et alors que notre Premier Ministre a passé une soirée sans doute intense à la télé sous les feux croisés des journalistes et des politiques, tomber sur les photos de mode de Londres c'est comme un petite bouffée d'air frais.
On me rétorquera que ces collections permettent aux couturiers d'explorer de nouveaux territoires, de tester les limites de leur créativité pour ensuite en proposer une déclinaison plus hum, hum, accessible.
Et là, Christopher Shannon s'est bien bien débridé au niveau de la créativité.
D'où le regard un peu perdu du jeune homme au deuxième plan qui n'avait plus porté de collier de fleurs depuis son arrivée à Hawai. Et l'air impassible - très anglais aurait dit mon grand père - des deux minots avec chemise blanche, cartable et serpillère sur la tête.
De la créativité, les gars, vous entrez dans l'histoire, là.
A moins d'habiter dans une grotte, vous n'avez pas pu échapper cet été à la chanson sucrée comme un bubble gum de Carly Rae Jepsen, Call me Maybe.
Version officielle largement parodiée, attrapée, modifiée, grimée, à mesure que les grains de sable collaient à nos pieds et que Carly passait de ritournelle sympa à scie impossible à se sortir de la tête.
Parfait cadeau empoisonné pour enfant / collègue /mari /ami que l'on souhaite voir ruminer toute la journée.
Jusqu'à "3 penny chorus and orchestra", ensemble choeur et cordes, qui nous font passer de l'imagerie côte ouest vite périmée de la version d'origine à un ballade au bord d'un sentier côtier, le vent dans les oreilles et les yeux tout propres.
Vraiment, j'aime les choeurs.
Et vous, qu'est-ce qui vous émeut ?
Vous commencez à me connaître, vous savez que je ne peux pas passer à côté de la Fashion Week.
A côté de ses codes et de son ambiance survoltée, de l'oeil du Sartorialist et ses photos aussi riches que des tableaux, de Garance et de ses posts hystéricool inimitables, de Géraldine et de son oeil mi professionnel, mi candide sur les us et coutume d'un monde au sein duquel on ne jettera jamais plus qu'un demi talon bobine.
Un mois de grandes gigues montées sur des talons de 12 qui apparaissent sur tous les sites internet et parfois au coin de la rue, de murs de photographes hurlant, de limousines, de socialites de la fashion dont on ne sait pas trop ce qu'elles font dans la vie à part avoir des tenues incroyables et poser pour les photographes à l'entrée des shows, en attendant que le show commence et puis le soir pendant les parties de couturier.
Un mois de fille sublimes à la peau éclatante, au bronzage parfait, à la taille 34 montée sur jambes interminables et aux cheveux brillants comme une pub pour Timotei.
Un mois d'un spectacle bien rodé avec son aristocratie, ses pièces de choix et sa horde de suiveurs avides de grappiller des miettes.
Un mois d'ébullition d'une économie dont on sait qu'elle est une des dernières à drainer du cash comme s'il en pleuvait.
Aujourd'hui la caravane Fashion Week s'arrête à Paris pour une grosse semaine. Je sens qu'on va bien s'amuser.
PS : je pourrais regarder cette photo des heures et vous raconter la vie de chacun de ceux qui y vivent.
Faites une remarques à un jeune père sur les marques indubitables de sa paternité : gilet mal boutonné, chaussettes dépareillées, bavou sur l'épaule, air hagard en milieu de réunion de 15 heures.
Le jeune père va alors vous expliquer ses nuits raccourcies, la gastro du petit dernier, la course pré-école du matin, le reflux du nouveau né.
Epreuves qu'Hercule aurait pleuré sa mère pour ne pas les affronter.
Everest de la difficulté en regard duquel le simple laisser aller vestimentaire constaté est un faible prix à payer. Voire représente une source de fierté.
Faites la même remarque à une jeune mère.
La jeune mère va alors vous expliquer ses nuits raccourcies, la gastro du petit dernier, la course pré-école du matin, le reflux du nouveau né.
Epreuves qu'Hercule aurait pleuré sa mère pour ne pas les affronter.
Everest que la Mère de famille accepte avec a)dignité, b)désespoir ou c)fatalisme (pick one or more) au regard duquel le laisser aller vestimentaire est ...
un crime de lèse majesté qu'elle va s'empresser de corriger en filant dare dare dans les toilettes à reculons.
Vous vouliez savoir ce qui fait vibrer les tendanceurs de Paris, les top-influenceurs de la prédiction de tendance de ce qu'on va tous vouloir bientôt ?
Fastoche. Il y a une petite année, les gourous ont tous été dépassés par une vague de fourrure.
L'ours, le graou des pyrénées, le gros patapouf de la banquise, le protecteur des enfants.
L'ours.
Avec ça, on crée de la présence, de la protection, on recrée du contact, de la douceur, du rêve et du fantastique, de l'aventure, de la sauvagerie, du réconfort et des gros câlins.
Avec ça Coco, on va glaner de la part de marché comme jamais.
Ca donne des mannequins qui jouent à cache cache avec des monstres-doudous pour Mulberry les nounours en guimauve qui vont conquérir l'Amérique, leur cousin onirique, le yéti de Bompard qui court dans la nature, un vrai bon gros ours brun dans la photo de famille de Aigle (ci dessus).
Une petite voiture turquoise avec des parements en bois vernis.
Au ras du sol, le coccyx sur la chaussée et la pétarade dans qui couvre le bruit de l'auto radio.
Mais une ligne et une classe, bah bah bah...
L'équivalent d'un bateau en bois sur l'eau.
De ceux qui glissent, silencieux et spartiates, faisant mine de ne pas voir les grosses machines rutilantes toutes blanches qui vrombissent et leur font des vagues.
Des Tupperware, les appelaient mon Père.
Un cageot lui rétorquaient les autres, en parlant de son esquif pur chêne.
Pinterest a longtemps été snobé par les influenceurs de la Silicon Valley parce qu'il n'était qu'une "géante réunion Tupperware pour femmes au foyer du Minnesota", destiné à rester un passe temps un peu incompréhensible d'hystériques de l'internet domestique.
Pouah (mimique de dédain accompagnée d'une rotation circulaire des yeux)
Aujourd'hui que la start up est devenue une espèce de case incontournable dans le Monopoly de la communications des entreprises qui n'en veulent, on faint toujours d'ignorer le noyau dur de ces premières pionnières. On reste entre nous, on suit ses copines et ses blagueuses influentes, on va voir ce que postent ses marques préférées, et basta.
A part que ce serait passer à côté d'une mine d'or. Car la ménagère du Minnesota est un vrai Geo Trouvetout de la vie quotidienne".
Car oui, où donc trouver des idées d'aménagement de placard bluffantes, mille et une manière d'accommoder la palette autrement qu'à la diable (surtout quand elle est en bois et qu'elle nous appelle du fond du parking du Bricorama ?)
Wouah (mimique de surprise teintée d'admiration, voire un peu d'envie)
Le brushing (faux anglicisme, « blow-dry » en anglais), ou parfois thermobrossage1, est une mise en forme temporaire de la chevelure (se défaisant à chaque lavage) qui s'obtient en brossant les cheveux mouillés, mèche à mèche, tout en les chauffant au moyen d'un séchoir à main.
Lorsque les cheveux sont mouillés, les molécules d'eau rompent les liaisons hydrogènes de la structure du cheveu et le rendent ainsi malléable. Puis en séchant, l'eau s'évapore, et les liaisons hydrogènes se ressoudent alors dans la forme donnée par la brosse ou les rouleaux de mise en plis. C'est pour cette raison que l'humidité ambiante tend à défaire une coiffure ou à faire reboucler un cheveu préalablement lissé au brushing.
Il peut viser à créer du volume, boucler, comme à lisser la coiffure. Il ne doit pas être effectué avec trop d'air chaud pour ne pas dessécher le cheveu mais suffisamment néanmoins pour permettre un assèchement suffisant du cheveu pour qu'il conserve la forme que la brosse lui donne.
Cette coiffure a été très en vogue dans les années 1960.
Sur amazon.fr, Aurélien Bellanger, Petit Prince de la rentrée littéraire, est présenté comme "Philosophe de formation, ses recherches portent sur la métaphysique des mondes possibles"
Je ne sais pas si Aurélien a des enfants
Je ne sais pas si ceux-ci vont à l'école
Mais si jamais c'est le cas, alors j'imagine leur grand kif à écrire en cursive appliquée "mon papa est philosophe. Il est dans la métaphysique des mondes possibles" sur les 4 872 formulaires donnés par les profs en début d'année.
PS : en attendant, son livre est en rupture sur Amazon.
La saison des défilés a recommencé à New York et on va encore voir partout des grandes filles longues et si fines que c'est dommage qu'elles ne prennent pas le métro parce qu'on pourrait en mettre plein dans un wagon sans que cela n'empêche personne de respirer.
Au mois de juin dernier, j'étais tombée sur une série de mode de Elle avec une jeune fille - très jeune et dont la grande minceur m'avait dérangée au point de l'écrire en commentaire d'un article du Daily Elle, satellite trendy de Elle, coaché par Sophie Fontanel (dont le regard tendre et pas si foutraque me réconcilie souvent avec beaucoup de choses, mais vous le savez déjà parce que je l'ai déjà dit maintes fois). Bouteille à la mer lancée sur un coup de tête et presque sitôt oublié.
Auquel l'équipe du Daily Elle m'a répondu le lendemain avec ce dessin et un message bi-goût que je vous laisse apprécier à sa juste valeur.
Mais à voir autour de moi les ados qui tournent et s'enroulent autour de moi comme des algues dans une eau claire de bords de mer, j'espère juste qu'aucune n'ait jamais l'idée de se restreindre sur la nourriture pour essayer de ressembler à ces elfes de podium alors que leur corps ne le veut pas.
Je tombe sur ce post de la über mom Gabrielle Blair au sujet de la color me rad race que l'on pourrait traduire de manière acrobatique par la course qui te donne des couleurs trop bath.
Le principe, 5 kilomètres, on part blanc et propre et on arrive couvert de couleurs primaires en poudre non toxique, non allergique. Et hilare. Et même pas fatigué par les 5 kilomètres.
Et après on va nous dire que courir c'est ennuyeux.
Moi je signe demain, pas vous ?
(bon, il faut traverser l'Atlantique. On se moque du good will à l'américaine, aux gros hugs des candidats à l'élection présidentielle, mais on peut aussi de temps en temps descendre de notre piedestal et se dire que c'est chouette qu'ils osent des trucs comme ça pour donner envie aux gens de se bouger et d'oublier leur voiture)
Revoilà t'y pas que l'on reparle serendipity, mot valise so 2011 devenu depuis l'année passée serendipité par la grâce des activistes des réseaux sociaux et des start ups qui adorent franciser des mots pour faire croire qu'ils ne sont pas que des copieurs d'américains.
Sérendipité donc.
On achète des yaourts et on tombe sur un slogan de sale gosse qui aurait grandi dans les années 70-80, entre Balisto et Récré A2. Et on succombe parce qu'on peut pas faire autrement, parce que ça fait du bien.
Leitmotiv de l'enfance, la litanie de "je m'ennuie" assortie de pas trainant, de détour par la cuisine et de séries télé débiles jusqu'à s'en faire péter les neurones disparait mystérieusement un jour.
On ne sait pas quand mais un matin on devient curieusement intolérant à ce état semi végétatif du dimanche après-midi.
La simple perspective de pouvoir s'ennuyer devient une espèce de mirage aux contours cotonneux et diablement attirants, mirage que l'on sait inaccessible et trompeur.
Et on se surprend à répondre d'un air agacé ces phrases honnies, que l'on s'était pourtant jurés de ne jamais prononcer, tellement elles nous paraissaient, inutiles, vides de sens, voire particulièrement représentatives de ce fameux fossés qui sépare les parents (qui n'ont rien compris) et les enfants (qui n'expriment que des demandes légitimes et vitales).
- Et si tu étendais le linge ?
- Tu as fini tes devoirs (comme si faire ses devoirs pouvait combler un quelconque ennui) ?
- Tu n'as pas un livre à lire ?
- Fais une sieste, tu as sûrement du sommeil en retard
Et tout en les prononçant on se sent vaguement coupables, un peu jaloux même de cette enfance qu'on a si hâte de quitter et dont - à y regarde de plus près pourtant - on aurait bien aimé profiter un peu plus.
Tout le monde - même elles - se demande ce que font les mères au foyer du mercredi.
Cette rupture de l'espace temps de la centrifugeuse de l'open space est, c'est vrai, un genre de triangle des bermudes. On arrive le mardi soir, stilettos et bic cristal au ras de la zone de turbulence, et pfffiout on est aspirée avant d'être recrachée légèrement échevelée sur le coup de 20 heures le mercredi.
Entre les deux, on ne sait pas, personne ne sait, on ne peut pas dire, même. On pourrait dire qu'il existe une omerta, un pacte tacite du genre si tu parles t'es mort.
Alors qu'en vrai, on ne sait pas. Promis, craché, juré.
Alors on raconte des histoires à tout le monde pour rassurer les envieux (tu sais, c'est hyper crevant), les interro-négatifs (ben, c'est la vie), les frustrées (non non, je t'assure, pas de quoi en faire tout un plat, c'est pas la quantité de temps qui compte, hein, c'est la qualité), les énervants (ça fait tellement de bien une grasse matinée en pleine semaine)
En revanche, y'a des trucs qu'on ne peut pas faire effectivement le mercredi. Ca je m'en souviens.
1. porter un t-shirt blanc avec l'intention de le garder blanc.
2. faire tout ce qui attend dans la maison et qui attendra un peu plus encore : ranger les placards, faire des aquarelles, lire un bouquin dans la chaise longue plus de 3 minutes
3. se faire les ongles
4. garder trace de l'heure
5. ne pas manger entre les repas
Mais sinon, j'ai beau essayer de prendre des notes, j'y arrive pas.
Un mystère.
PS : le tire de ce post est un hommage même pas déguisé à un chanteur des années 70, auteur d'un tube inoubliable. Mort Shuman, je ne t'oublie pas.
"Maman, je te dérange ? Tu as le numéro de Julien ? Je voudrais l'appeler pour venir jouer.
(...)
Merci Maman, super, je te tiens au courant
(...)
Allo Maman, je te dérange ? Je lui dis de venir à quelle heure ? 14 heures ou 13 heures 30 ?
(...)
Bon, d'accord, et on se retrouve où tu crois ? Devant la MJC ?
(...)
Merci Maman, super, je te tiens au courant"
"(...)
Allo Maman, je te dérange ? Bon, j'ai laissé un message à Justin il répond pas j'ai regardé les pages blanches et j'ai trouvé le numéro de Paul. Je vais l'appeler. Tu crois que je peux l'inviter ?
(...)
Merci Maman, super, je te tiens au courant, bisous"
"(...)
Allo Maman, je te dérange ? Je lui dis de venir à quelle heure ? 14 heures ou 13 heures 30 ?
(...)
Bon, d'accord, et on se retrouve où tu crois ? Est-ce que tu crois que Lucie pourra le conduire à la maison ? Peut-être qu'il préfèrera que j'aille chez lui, je sais pas trop quoi lui dire
(...)
D'accord Maman, tu as raison, je vais déjà voir s'il est là"
"(...)
Allo Maman, je sais que j'arrête pas de te déranger mais je voulais te tenir au courant, je peux te raconter ?
(...)
Bon, ben personne est là
(...)
A ce soir, maman, bisous"
Rentrée jeudi matin 8 heures 30. Il est super prêt.
Quand on va déjeuner le dimanche chez des cousins.
Le vrai déjeuner de famille, celui où on prend la voiture, le dessert, les ados et les moins grands, des couches et les doudous, et des DVD qu'on devait rendre et puis aussi peut-être une bonne bouteille pour fêter la fin de l'été.
Le vrai déjeuner avec son trajet en voiture où on écoute des trucs de vieux qu'on chante à tue tête. Eddy Mitchel et the Eagles qui nous nous welcoment toujours dans leur hôtel california pendant qu'on cherche une place pour se garer.
Le vrai déjeuner où on prend l'apéritif avec des tuc, où on passe à table à 3 heures parce qu'on ne voit pas le temps passer. Et puis une entrée, un plat, du fromage et le dessert. A la fin, c'était trop bon alors on a trop mangé et on se laisse glisser dans sa chaise avec un petit soupir.
Le vrai déjeuner où on passe au salon pour prendre le café. Où on regarde par la fenêtre en disant que ce serait sympa d'aller se balader quand la dernière va se réveiller de sa sieste, à part que quand la dernière se réveille de sa sieste il est déjà 18 heures et qu'on n'a plus vraiment envie d'aller se promener, qu'il faut songer à repartir mais qu'on a l'impression d'être arrivé le quart d'heure d'avant.
Le vrai déjeuner où on parle de la famille, de politique et de séries télé. Et de mode, et de vacances aussi un peu, et de boulot et d'école juste pour dire que oui, OK, ça va, on n'est pas là pour se faire des noeuds au court bouillon de la rate.
Où on parle sans forcer, en surfant sur le fil du repas et du flot qui va avec, sans représentation ni péroraison, y'a pas de public, c'est juste nous et c'est très bien comme ça.
Et s'il y a des temps morts, ma foi, ben, c'est pas la mort.
Un vrai déjeuner du dimanche dont on rendre tard et le ventre encore plein.
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