C'était mon troisième défilé Dior Homme. J'en ai fait deux avec le précédent Directeur Artistique (Hedi Slimane - ne me dites pas que vous ne saviez pas - un gars tout simple, même qu'il a été à l'école avec ma copine Perrine, c'est dire) et là c'était mon premier avec Kris Van Assche.
Il est belge, il est tout jeune, il porte des jeans clairs avec une chemise blanche et des baskets. Mais personne ne lui demande quel bac il prépare pour juin, il gagne en 1 mois ce que je gagne en 1 an et il fait la bise à Karl.
C'est la troisième fois que je touche du doigt le monde des défilés et son vocabulaire.
Je suis en "Standing" (debout derrière les "buyers" et les "VIP" qui ont le droit de s'asseoir sur un banc en bois), si j'ai de la chance, j'irai en "backstages" après le show et si je veux me fondre dans la masse je dirai "Hello sweetie, glad you're here "en faisant des "air-kisses" à tous ceux qui attendent comme moi devant une bâche et un panneau "Press".
Le show est à 14 heures, c'est écrit sur mon carton, ça veut dire qu'il faudra que je sois devant le carreau du temple à 13 heures 30, et que le défilé ne commencera pas avant 14 heures 30, une fois que tous les "big shots" seront là. (Aujourd'hui c'est Delphine, la fille au patron, qui est arrivée la dernière, 5 bonnes minutes après Karl L, tout poudré du catogan).
En attendant tout le monde se regardera sauf les "Front Rows" qui feront mine de ne voir personne à part l'attachée de presse sur-parfaite (cheveux, ongles, dents, maquillage, pantalon, talons, veste) et le japonais sur-looké.
Il y aura La Marek, La Roitfled, une ou deux actrices dans le vent qui prendront dans leurs bras des grands chevelus et des grandes gigues blondes et perchées sur des 12 (cm).
Le japonais devant écrira des SMS en idéogrammes, le voisin italien enverra des SMS en Italien, l'allemande parlera en Allemand, et le couple d'américains derrière parlera d'Obama.
Le mur de photographes sera dissipé et bruyant tandis que les jeunes journalistes reporters d'images courront après la star en cuir et bottes.
Le défilé - 15 minutes de garçons qui arpentent le "catwalk" comme on va au turbin un jour de grosse colère - durera une quinzaine de minutes et à la fin le créateur viendra saluer vite fait avant de retourner derrière le rideau - en courant comme un gamin - sous les hourras de la foule.
Encore un délire de snobinarde parisienne qui veut en être coûte que coûte quitte à passer à côté des vraies joies simples d'un dimanche en famille?
Ben non.
Parce qu'à chaque fois les mots m'en tombent (et ça, c'est pas fréquent fréquent).
Ca me fascine cette débauche de moyens, de codes, de créativité autour d'un événement aussi court et qui va pourtant marquer toute une saison, toute une maison de couture avec les millions qui vont avec.
C'est rafraîchissant, énergisant et intimidant.
Je suis (bien évidemment) incapable de dire si ce défilé était un bon crû ou pas.
Et je n'ai aucune photo du défilé parce que j'ai oublié d'en prendre.
Trop occupée à regarder sur le catwalk, autour (le public), à côté (le mur de photographes), au-dessus (les lumières rouges).
Je n'ai retrouvé l'usage de mes doigts que tout à la fin et derrière la scène.
D'où ces photos que vous ne verrez nulle part ailleurs-c'est sûr.
Ou l'oeil d'une candide sur un monde étrange fascinant où...
Même les toilettes temporaires installées spécialement sont design
Les (jolis) mannequins ont vite troqué leurs pantalons djellabahs, leurs chaussures Dior Martens et leur air sinistre pour des sweats à capuches, des baskets, et des thumbs up.
Et où personne n'est mort. C'est juste les vêtements sous housse déjà prêts à retourner à leur maison
et Ze photo du défilé. Dieu merci pour vous, les photos des vêtements seront partout demain
Merci Pascale.
Pour voir les vêtements et un décryptage de professionnel, c'est là