mardi 8 juin 2010

Rodéo

Partir en voiture avec un bébé c'est déménager un semi remorque d'affaires, au volume inversement proportionnel à la taille de la fragile petite chose tiède que l'on va harnacher dans un baquet que Sébastien Loeb ne renierait pas.
Volume quasi indépendant de la durée du déplacement. Une heure ou trois jours, c'est couasi pareil. Couches, lingettes, rechange, matelas à langer, poussette, siège auto. Plus un petit gilet, une couverture, un chapeau de soleil et un bonnet. Au cas où. 5 mètres cube au bas mot.
Dont on utilisera à peine 10%.
C'est sûr et certain.
Mais on sait jamais.

C'est aussi découvrir qu'on a plein de bras. Un pour le sac, un pour la poussette, un pour le bébé, un pour les clés. Plier la poussette d'une main tout en ouvrant la voiture et en soulevant la porte du coffre, le bébé coincé sur l'épaule. Shiva n'est pas sa cousine - à la jeune mère.

C'est rester 3 minutes à se demander si on peut laisser le bébé attaché dans son siège le temps de courir chercher un ticket à l'horodateur. Renoncer en craignant une intervention de la DDASS prévenue par une petite mamie qui aurait vu le bébé seul dans la voiture.

C'est travailler à fond son optimisme. A chaque arrêt, détacher doucement le bébé en essayant de ne pas le réveiller de la micro sieste commencée il y a au bas mot 3 minutes. Et à chaque fois échouer lamentablement. Et recommencer la fois suivante.

C'est adorer pouvoir se lancer dans un monologue digne de Ionesco "là, je vais tourner à droite, on va bientôt arriver, ne pleure pas mon bébé, ô regarde le camion de pompier, il est très rouge et il fait pinpon, tu as vu il fait très beau, les feuilles sont vertes et non mais c'est ça, double, ça vaaaa, on est pas aux pièces non plus, ça tu vois ma chérie c'est un crétin en voiture".

C'est rentrer et avoir juste une envie. Un bain à 37°, un bon repas liquide et tiède, un pyjama avec des pieds et un gros dodo.


Crédit photo : the lil bee.

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