11 heures 12 dans le train.
Derrière, deux français ont proposé à un couple d'amis américains de passage de leur faire visiter Paris. Au programme : le Sacré Coeur, le Moulin Rouge, la Place du Tertre et les Champs Elysées. C'est marrant, ils leur montrent pas la porte de Clichy ?
A côté, deux jeunes encostumés échangent sur leur condition de jeune diplômé en recherche d'emploi. Manifestement, leurs études sont tellement techniques qu'ils ont du mal à trouver des offres "Si encore je cherchais un boulot de webmaster, ça serait facile, mais là...."
On arrive à la Gare. Le train ralentit et tout le monde se lève comme un seul homme.
Les américains et leurs amis se dirigent vers la sortie. Chouette, je vais voir quelle tête ils ont. Ils sont tous les 4 en jeans et en Converse. Ah, mondialisation quand tu nous tiens..
Premier arrêt devant les montres. la Baby G-Shock - star de la cour de récré - est à 170 Euros. Ca fait combien d'heures de baby sitting pour les filles ça ? On appelle ça une carotte.
Plongée américaine au Printemps. Sauce Newman et ketchup Dean and DeLucas. Miam.
Uniqlo. Un couple fait les courses pour habiller Monsieur qui a besoin de "fringues pour le taf". La jeune fille essaie de vendre cette veste en molleton à son amoureux. "Heu, t'es sûre ? Une veste en jogging ? Je crois pas non. Déjà que je peux pas mettre de chemises à carreaux".
Je cherche une chemise homme, blanche, taille L, coupe étroite - soit l'équivalent d'un gilet camel taille 38 chez la fille. ou d'un sandwich jambon beurre dans un bistrot ou d'un litre de lait demi-écrémé chez Franprix.
Mon prof de marketing appelait ça un produit PULL. De ceux qui vous feraient changer de magasin juste parce qu'il sont en rupture de stock. (par opposition au produit PUSH, qui lui doit vendre sa mère pour être acheté tellement on peut s'en passer. mais je sens que je vous perds, là, non ?)
Je ne trouve pas.
Tant pis. Je repose les autres articles et je ressors les mains vides. CQFD. Les théories marketing ont du bon parfois.
Zara. A 11 heures 58, je tombe nez à nez avec cette paire de bottes, probablement fruits des amours d'une descente de lit IKEA et d'un bottier espagnol.
Je fais mine de regarder mes mails pour les prendre en photo sans me faire huer par un des jolis vendeurs déguisés en serveurs de trattoria (pantalon noir, chemise noire, ceinture noire, cravate noire).
Toute à ma transgression des règles du magasin, j'oublie de regarder le prix. Dommage.
j'achète un pantalon kaki slim en taille 34 pour Jeanne. Il est tout rapiécé. Sa grand-mère va lever les yeux au ciel devant le peu de métier de ces couturières même pas capables de faire des reprises propres et invisibles.
Et une chemise blanche taille L coupe slim. Gracias !
Et une chemise sans col en chambray bleu pour moi.
Une plongée dans le Chirachi saumon plus tard, je sais tout de la boite.
Je suis prête à y retourner.
Ah non ? Je suis obligée d'attendre janvier ? Bon, OK, je fais un effort.
Je la laisse sur le trottoir et je retourne vers le métro (oui, vous aussi vous avez déjà détesté cette collègue qui vous quitte après un long déjeuner tranquille pour aller faire les boutiques alors que vous avez une reco à écrire).
C'est vrai que c'est bof, le métro.
C'est une heure creuse. Aucune conversation à écouter.
Pffft.
Chérie, tu devineras jamais où ils m'ont collé au magasin cette semaine.
...
A côté d'un atomiseur multicolore plus grand que moi.
...
Je te jure que j'ai arrêté de boire. Pourquoi tu ne me crois pas ?
14 heures 55. Repérages chaussures pour Adèle. C'est pas bête.
15 heures 05. Je me la pète sur le quai avec mon Latte Tall Decaf de chez Starbucks. Et je me brûle les doigts.
Sur le chemin du retour, j'achète une épaule d'agneau, deux baguettes de meule et je cours sous des trombes d'eau pour retrouver les devoirs de Maths et la poésie "toujours et jamais".