Ce qu'on ne voit pas est dans les détails.
Dans la couleur du jus de pommes tout frais et tellement clair que quand on regarde à travers tout prend des éclats de caramel.
Dans le sweat shirt du petit (pas si petit) garçon, le même que celui de ses cousins, que ses soeurs, que ses oncles, que ses tantes, ses parents et ses grands parents. Ceux qui s'empilent dans le placard de la maison et qui semblent ne s'user jamais.
Dans le mug au premier plan avec un fond de café dedans. Le café de 11 heures, celui qui réchauffe et réconforte après 2 heures dehors dans le froid doux, le clair obscur inimitable de cette région au mois de novembre
Dans les assiettes empilées sur les étagères dont certaines sont encore un peu dorées au bord et qui ont vu plus de quatre fois plus de repas et plus de vaisselle que le petit (pas si petit) garçon n'a passé de nuits sur Terre.
Sur la toile cirée raccommodée avec une pièce là à gauche sous le carton qu'il faudrait changer mais qu'on ne change pas
Dans la patine de la grande table en bois longue et étroite planquée sous la dite toile cirée.
Dans le ciré jaune qui sèche accroché à la fenêtre et qui rappelle des heures plus hem, humides.
Dans la carte punaisée au mur qui répertorie tous les chemins, tous les hameaux et tous les lieux dits avec des noms qu'on se fixe comme objectifs de connaître par coeur un jour
Dans le calme apparent de cette scène alors que dehors s'agitent les grands et les petits sous les ordres du grand gars au pull jaune et que le petit (pas si petit) garçon ne s'est arrêté que le temps de dessiner la pancarte qu'il va brandir dans trois minutes au bord de la route.