jeudi 16 février 2012
Avenue Henri Barbusse
(mais ça marche aussi rue Jean Jaurès, avenue de la résistance et rue du Général Buat)
Il y a les supersititieux.
Ceux qui affichent leur foi, leur origine géographique, leurs souvenirs de vacances sur le pare brise.
Ceux qui clament que bébé est à bord.
Ceux qui sont Breizh Atao et University of South Florida Alumni.
Il y a les vrais dieux de la route, ceux qui manoeuvrent leurs camions comme si c'était des Meccano dans un garage Mattel. Avec le petit doigt et au millimètre près, totalement indifférents au bazar qu'il créent, tout entier concentrés sur leur volant et leurs rétroviseurs. Et leurs compagnons d'héroïsme qui abordent les mini rues sans transpirer pendant que leurs passagers, forcément jeunes, forcément sévèrement attaqués par leurs hormones hurlent "chauffeur, si t'es champion, appuie sur le champignon".
Il y a les gars forcés de rouler dans des caisses très éloignées de leur classe. Mais si, ceux qui sont vautrés dans le fauteuil de leur Fiat Panda même pas vintage et qui font mine de conduire sans y penser, histoire qu'on ne vienne pas à imaginer que c'est leur voiture. Nan, eux méritent une Batmobile, une 103 GT à double arbre à came en tête boostée, une poupée carrossée, pas la voiture bêtement utilitaire de leur soeur/mère/petit frère/collègue.
Il y a les mères qui ont un parcours aussi fléché et minuté qu'une ligne de transilien, avec arrêt de 30 secondes maxi devant le rugby, le conservatoire, le tennis, le dentiste, le Picard et qui glissent sur les routes dans leur arche de Noé 7 places. Une main sur le volant, l'autre dans leur sac pour trouver la tototte/le BN/l'ordonnance pour le prochain arrêt. De temps en temps, elles font de grands gestes derrière leur volant à destination d'autre OS de la route qui a comme elles "la chance de ne pas travailler le mercredi".
Il y a ceux qui sortent de déjeuner et filent à un rendez-vous chez Petrobide en réfléchissant à ce qu'ils vont bien pouvoir inventer pour ne pas rendre leur forecast lundi tout en essayant de joindre Martin au téléphone pour les rencarder sur le pitch Babab. Leur voiture est une extension de leur vie avec bouteille de Vittel, boite de mouchoirs et Croix Bleu pour l'haleine fraiche.
Il y a ceux qui ont décidé de se faire remarquer avec un attelage coloré. Framboise, jaune, rouge, vert pour les plus audacieux. Ils font comme des Smarties dans un océan de galets de Belle-ile déclinés en camaïeu de noirs, gris et blancs. Ils sont comme des anomalies réjouissantes dans un univers uniformément de bon goût.
Il y les petits suppositoires d'autobus avec des conducteurs trop grands dedans dont on se demande comment ils font pour rentrer leurs jambes derrière le volant, et les brindilles qui disparaissent derrière le pare brise de leurs chars 4 roues motrices.
Les mamies et les papis qui mettent des heures à démarrer au feu, ne doublent jamais jamais sous prétexte qu'ils ont tout leur temps, et vont leur bonhomme de chemin, tous tranquilliks, totalement indifférents au kéké dans sa Punto, à la mère de famille sur-minutée, au livreur Tropicana dans son 38 tonnes qui aimerait bien voir Eindhoven avant la nuit.
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