mardi 28 septembre 2010

En congé parental #2

On en était à 14 heures 29, c'est ça ? Alors, on reprend
(en vrai il est 17 heures 45, j'ai collé Marguerite dans les bras de ses soeurs pendant que je me jette sur l'ordi et que Henri a le droit de regarder la télé 30 minutes avant de faire ses devoirs)

14 heures 45 : je pars chez Monop'
Avez-vous bien compris le rôle primordial de Monoprix dans la santé mentale de toute femme au foyer ? C'est là qu'elle rencontre ses autres copines femmes au foyer, qu'elle sourit aux femmes enceintes, et développe un sens aigu de la stratégie : à 15 heures en semaine, il n'y a QUE des personnes prioritaires à la caisse, c'est la guerre. Qui est le plus méritant, le porteur de carte vermeil ou la pilote de triple poussette ? C'est un peu comme le poker, ça se joue au bluff, c'est délicieux.
Sinon, j'achète des éléments essentiels à la bonne tenue du foyer, des trucs qui ne pouvaient pas attendre le plein de la semaine, genre cotons tige. Et je pousse le luxe jusqu'à faire TOUS les rayons de l'étage avant de me décider à prendre le premier prix.
Et un joli t-shirt.
Et des chaussettes de bébé.
Et une écharpe pour Jean.
Et le dernier Tara Duncan pour Jeanne.
Ou non.

15 heures 30 : retour à la maison. Goûter de Marguerite qui partage avec les personnes âgées, non seulement son prénom, mais aussi des horaires de repas en léger décalage. 6 heures 30, 11 heures 45, 15 heures 30, 18 heures 45.

16 heures 15 : c'est ma récré. La sortie de l'école. Je partage avec mes copines 30 minutes d'infos primordiales condensées en 3 minutes au milieu du brouhaha et des enfants qui nous sautent devant le visage pour attirer notre attention (la capuche du manteau simplement posée sur la tête façon cape, les mains couvertes de peinture et le pantalon troué)

16 heures 40 : Goûter. La cerise sur le gateau du congé parental est là. Ecouter les kiddos raconter leur journée comme si c'était la Conquête de l'Ouest, la tête dans le pot de Nutella, est le meilleur booster de moral que je connaisse. Je communie avec eux en trempant un bout de baguette fraiche et tiède dans ma tisane. Mais comment je vais faire sans goûter en janvier, moi ?

17 heures : devoirs. En ce moment je commence le programme de CE2. Je crois que la maîtresse est assez fière de moi.

Après, c'est le tunnel. Tout à coup il faut simultanément donner le bain et le dîner, préparer le dîner, vider le lave vaisselle et le remplir de nouveau, ramasser le linge et le plier, envoyer encore 2-3 mails à Charlotte, faire des photos débiles pour illustrer le billet du jour, râler pour que les sacs soient ramassés et que le salon passe de joyeux bordel ambiant à véritable hâvre de paix digne de figurer sur la couverture de AD.
Ca me rappelle les veilles de présentation, quand rien n'est prêt et qu'on répond au client avec une voix un peu trop haute " tout est sous contrôle, on est quasi prêts, juste un peu de relecture, corriger quelques coquilles, peaufiner les graphiques".

20 heures 30 : l'Homme harassé par sa dure journée de travail passe la porte et apporte avec lui l'odeur enivrante des bureaux. Bien évidemment, je me jette à son cou. Bien évidemment, je suis toute de soie vêtue, légèrement maquillée, et j'entraîne mon aimé vers la cuisine où un délicieux dîner l'attend au chaud dans le four. Je lève vers lui des yeux éperdus d'admiration et bois ses paroles. Il me parle "connexion Internet " "réunion avec l'avocat" "flux RSS et community manager".... (soupir)

(En vrai, je suis de nouveau en pyjama en pilou et gilet cachemire et si je saute au cou de mon aimé, c'est parce que je vais enfin pouvoir parler plus de 10 minutes d'affilée à un adulte. Après on s'affale sur canapé et on sirote une tisane au thym avec du chocolat trempé dedans et je goûte le plaisir de passer une soirée sans rien à faire. Du tout)

22 heures 30 : je réfléchis sérieusement à ne pas me démaquiller avant de me coucher et de commencer enfin mon Elle. Je regarde mes ongles et comme tous les soirs, je me dis que promis demain, je me les peins en rouge. Je devrais bien trouver le temps, non ? Et je sombre


PS : il est 18 heures 40 et je suis toujours devant l'ordi. Mon planning est à la rue. Pas encore ce soir que je serai Femme Au Foyer 2010.

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