mercredi 21 novembre 2012

Le mystère insondable de l'enfantement

Vintage Maclaren 1966 au MoMa via Marvellous kiddo


Chères femmes en âge de procréer mais pas encore primipares.

Vous jouez à vous faire peur en écoutant les mères autour de vous se raconter avec des airs de conspiratrices tout ce qui se passe au delà - au plus beau du bout du précipice, quand on se jette dans l'air en espérant que son parachute va s'ouvrir à un moment ou un autre.

Vous hésitez entre l'horreur et l'envie, le sens du devoir et l'urgent besoin de ne pas s'engager dans une voie que vous savez sans retour.

A 25 ans vous savez tout de l'épisiotomie, des nuits sans sommeil et de la dépression post partum. Des kilos en trop et des vergetures. De la libido en berne et des seins qui grossissent, qui débordent avant de s'affaisser comme des gants de toilettes. Vous vous gaussez des femmes au sourire béat qui se rappellent de leur accouchement avec force détails gores et cuculs à la fois, quand elles ne vous mettent pas sous les yeux des clichés pleins de plis et de rougeurs.

Et vous adorez raconter ces anecdotes atroces à vos bonnes copines d'infortunes, comme on agite une gousse d'ail devant un vampire assoiffé.

Vous vous raccrochez aux exemples de la cousine qui n'a jamais eu de nausées, de la multi-mère qui ne se plaint jamais, de la voisine qui pond des enfants tous les ans et qui garde le sourire, tout en trouvant ça louche.
Comme si elles cherchaient juste à vous enfumer pour de peur de voir vous enfuir et échapper à ce destin inéluctable de l'espèce animale : se reproduire.

Vous imaginez un lavage de cerveau à la maternité, la signature d'un pacte obscur des jeunes accouchées. Elles sont passées "de l'autre côté", celui dont on revient avec des cernes, des histoires de couche et de rots plein la bouche. Et des taches sur le t-shirt.

La plupart du temps vous n'y pensez pas, mais parfois ça prend toute la place dans votre tête.

Et moi, je me sens comme une vieille dame devant vous.
Et je ne sais pas quoi vous dire.
Parce que ce n'est pas simple, c'est vrai.
Sauter le pas ou pas
Le faire sans trop réfléchir au risque de s'en mordre les doigts ou trop réfléchir et ne pas le faire - parce que rationnellement c'est franchement une mauvaise idée non ? - et s'en mordre les doigts.

J'aimerais vous dire que c'est évident. Mais non.
Et chacune a le droit de se poser la question.
Et de prendre la décision qu'elle veut.
Il n'ya ni bien, ni mal, juste des femmes qui avancent et qui se confrontent à l'insondables et qui heureusement la plupart du temps, d'instinct, font pour le mieux.





PS : ça coco, c'est du titre de post aspirationel, inspirationnel, SEO et tout. Pas trop déçus à l'arrivée ?
PS2 : avant même d'avoir des enfants, j'aimais déjà les MacLaren.
PS3 : une poussette vide, c'est limite angoissant pour celles qui ne les connaissent que pleines et chargées jusqu'aux essieux, béquille fidèle des jours de marche sur les trottoirs.


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