Avant on disait "Allo"pour commencer les conversations téléphoniques.
Ou bien on déclinait son nom, sa fonction, le nom de son entreprise.
Une introduction neutre, entrée en matière générique qui permettait - comme dirait les anthropologues - d'initier le contact.
Bonheur et confort de normes sociales immuables.
Aujourd'hui, on ne reçoit plus d'appels, on prend en communication une personne déjà identifiée par son numéro, son nom ou même sa sonnerie de téléphone.
Alors, à l'eau "Allo" et bonjour "oui, ma poupoune ?" "ah, bonjour Mercier, j'attendais votre appel" voire un direct "oui, je sais je suis à la bourre mais je suis presque là" ou bien encore "téou ?"
Par mail, par messagerie instantanée, par SMS, c'est encore une autre histoire. On n'a jamais autant écrit et pourtant on n'a jamais su aussi peu comment commencer les conversations.
On se retrouve à appeler à l'aide l'Esprit Saint et ses vertus polyglottes. On donne du "holà" et du "Buon Giorno", ou bien encore du "Kenavo" quand on rentre d'un week end en Bretagne (alors que tout le monde sait que ça veut dire au revoir - enfin non, pas tout le monde manifestement)
"Hello" reste la valeur sûre. Pas guindé sans être trop familier, raisonnablement cool mais quand même poli. Une alternative sans cravate au bonjour qui sent la poignée de mains franche et le contact un chouille formel.
On cherche, on hésite, on tricote, on bricole et on rafistole pour s'adapter aux situations et aux interlocuteurs.
Et on se prend parfois à regretter l'Allo.