jeudi 23 janvier 2014
Avenue Charlotte 16 heures 15
Elle court dans la rue avec les bras tendus en arrière pour aller plus vite. Son tablier rose dépasse de son blouson et flotte au vent.
Son collant un peu trop grand plisse sur les chevilles - coup de bol parfois il est trop court et ça l'empêche de courir parce que l'entrejambe tombe aux genoux.
De temps en temps elle s'arrête net et se plie en deux pour regarder le sol, avant de repartir en jetant un regard rapide en arrière pour vérifier si je suis toujours là.
Quand ses copines sont là, elles font la course en courant quasi sur place en criant de plaisir.
Parfois elle se cache derrière un arbre et imagine qu'elle est seule au monde. Pour un peu elle se ferait peur mais préfère finalement se montrer et tirer la langue avant de repartir en trombe.
Tout à coup elle se souvient que le nouveau chocolat en poudre est trop fort et qu'elle ne va pas pouvoir y tremper son pain au lait. Prise d'un soudain dégoût de la vie, elle s'assoit au bord du trottoir et se met à pleurer en appelant à l'aide.
Une grosse larme coule sur sa joue
Son serre-tête (doré avec deux grosse étoiles dessus) glisse et ne retient plus qu'un souffle.
Non, elle ne bougera pas, elle est trop triste. Elle ne sait plus trop pourquoi ce gros chagrin. La plainte se transforme en mélopée d'abord déchirante puis de plus en plus douce et lancinante… Elle pose la tête sur les genoux de sa mère qui l'a rejointe sur le bord du trottoir et regarde les branches nues de arbres qui se détachent sur le ciel bleu d'hiver.
Son frère l'appelle du bout de la rue. Elle se lève d'un bond et se jette dans ses bras en riant avant de repartir les bras tendus vers l'arrière vers la maison et le gouter.
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