mercredi 17 novembre 2010
17 heures 10 classe B23
La consigne est formelle.
"5 minutes par échange. La personne à l'heure est prioritaire sur la personne en retard. Tous les rendez-vous étant minutés, vous pouvez, si vous êtes à l'heure, signaler (avec courtoisie) que c'est l'heure de votre rendez-vous. Si vous arrivez à 19 heures 05 et que vous arrivez à 19 heures 10, votre rendez-vous est annulé".
Un speed dating éducatif en quelque sorte.
Rencontrer un maximum de profs pour "faire rapidement connaissance avec les enseignants, savoir quelles appréciations ils portent sur le niveau et le travail de votre enfant, et, éventuellement, convenir d'un rendez-vous ultérieur si cela s'avère nécessaire."
En vrai, la seule occasion dans l'année, de mettre un pied dans le monde étrange et fascinant des années Collèges, théâtre de la première émancipation de lardons qui dormaient encore avec une veilleuse et un doudou hier.
Alors que d'habitude on a à peine le droit de s'arrêter devant la grille verte.
Et qu'on sait juste que Madame B. est terrifiante, Monsieur X. trop marrant et Mademoiselle O. donne trop de devoirs.
Une soirée où les parents suivent aveuglément leurs enfants le long des couloirs et des escaliers pour rejoindre la E15 à partir de la B32 sans passer par la cour.
Où on découvre des profs qui ressemblent à des gens normaux là où on avait gardé le souvenir de hautes figures vaguement inquiétantes.
Où on oublie un instant que c'est pas nous les élèves et qu'on peut se détendre, voire même sourire.
Où on redevient louve - prête à défendre bec et ongle son enfant si jamais il devait essuyer quelques remarques pas très agréables (tout en se promettant de régler ça à la maison après).
Où on note consciencieusement les noms des cahiers d'exercices qui pourraient aider à préparer les contrôles de grammaire et d'orthographe (tout en restant rêveur devant une affiche de candidat au poste de délégué truffée de fautes)
Où on se dit tout bas qu'on n'aimerait pas trop avoir ce prof juste avant d'affirmer haut et fort le contraire - histoire de jouer son rôle de parent - partenaire de la communauté éducative - à fond.
Où on comprend mieux pourquoi sur la liste de Noël figure une parka Bel Air et un cabas Vanessa Bruno.
Où on demande le nom de tous les enfants qui passent rien que pour en retenir qu'ils se connaissent tous. Les regarder avec amour et admiration se mouvoir avec nonchalance et aisance dans les couloirs gris et se faire des signes de connivence, ou s'ignorer ostensiblement.
Où on en ressort tout étonné et tout fier d'avoir donné la vie à une personne drôlement chouette qui nous ressemble et en même temps pas du tout.
Un peu triste aussi parce qu'il/elle a grandi trop vite même si notre saint patron Rufo dit que c'est inéluctable et qu'il faut le laisser grandir au risque de le voir passer 5 ans sur le divan à 40 ans.
Et puis, oublier Rufo et faire un gros câlin à notre ado en marchant (qu'il/elle repousse avec vigueur, mais c'est pas grave)
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