dimanche 13 mars 2011
Pianistes d'ambiance
Il est à peine 20 heures mais il fait déjà nuit noire.
Les clients vont et viennent paresseusement dans le hall, au dessus de leur tête.
Eux font face à la piscine. Au loin, derrière les lumières des bougies qui tremblent, on voit la masse sombre de l'océan.
Maïa a mis son uniforme : des sandales très hautes et une robe en voile noir. Andy est en costume sombre, chemise et cravate assortis.
Ils se sont connus à Berlin. Pour une histoire de remplacement de choriste qui s'était abimée la voix à force de chanter dans des clubs enfumés et bruyants. Après deux semaines de sessions sans charme dans des rades sans âme, ils ont décidé de faire le tour des grands hôtels pour travailler. Gagner un peu d'argent et voir du pays.
Le Maroc, c'est leur premier engagement ferme.
Un grand hôtel de luxe qui sent encore le plastique des bateaux neufs tellement il est ouvert depuis peu.
Ils y croient. A ce jour où un producteur viendra passer deux jours avec sa famille dans une des villas de l'hôtel. Qu'il les entendra et leur proposera de les signer chez Blue Note.
En attendant, ils profitent des grands couloirs déserts, de l'acoustique du hall, et de l'indifférence polie des clients pour tester leurs dernières reprises et glisser des compos.
Ce soir, ils commencent par Alicia Keys.
Maïa ferme les yeux. Il fait chaud, elle sent les projecteurs qui donnent à sa peau des reflets caramels. La salle retient son souffle. Le Madison Square Garden est bourré à craquer. John Legend est au 2ème rang. Et Willie Nelson aussi, à côté d'Obama. Et de Sylvie, sa copine de la Courneuve. Elle prend son souffle et elle se laisse porter par le piano d'Andy.
PS : Big up à Charlélie Couture qui m'a pour toujours donné envie d'écouter les pianistes de bar. Sur son album en écoute ici.
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