Sur la ligne 3 entre Saint Lazare et Opera. Il est tôt, il fait froid dehors et chaud dans le métro et le contraste entre les deux donne à tout le monde une tête bizarre et ensommeillée.
Debout au milieu de la rame, emmitouflée dans son manteau noir en peau retourné à capuche, elle attend sereine que la rame s'ébranle et que sa journée commence.
Un manteau noir, des chaussures noires, un casque de cheveux noirs et accroché au sac à main en cuir noir, un porte clé façon cristal de Baccarat taillé en forme de coeur et cette inscription en lettres à l'anglaise : Yosemite.
A des milliers de kilomètres de là, je l'imagine l'été dernier, en bermuda blanc impeccable et t-shirt imprimé, faire une halte à la boutique de ce parc national de Californie et craquer pour un souvenir à 5 dollars vendu par une caissière un peu lasse : un porte clé en plastique transparent dans lequel le soleil se reflète, jetant des éclats dorés sur sa jolie couleur rubis.
Une babiole qui lui fait de l'oeil et qui ira rejoindre les jean's Levis tellement moins chers que chez nous, les sweats Abercrombie et le bidon-de-moutarde-comme-dans-les-fast-food qu'elle va rapporter dans ses valises.
Un souvenir qui, prévoit-t-elle, lui rappellera les bons souvenirs de ce voyage à la découverte du Grand Ouest Américain (avec des majuscules) qu'elle rêvait de faire en famille depuis des années.
Et, de fait, rentrée à Paris, elle a accroché son coeur à son sac à main et depuis, sourit quand son regard tombe dessus, de temps en temps, à la faveur d'un changement de métro, par exemple.