dimanche 15 novembre 2009

Après l'entraînement


Ils ont les joues rouges et les cheveux encore humides, collés sur le front. Ils se disent au revoir en se serrant la main ou en se donnant des grandes tapes dans le dos, comme des hommes. En bandoulière, leur sac de sport, un peu trop grand pour eux. Ils ont hâte de rentrer chez eux mais trainent des pieds pour sortir du vestiaire, dans les odeurs de shampooing et la buée. Ils préfèrent se raconter des histoires de placages et de passes décisives, d'essai sur la ligne et de chute en arrière.

Ils ont un BN à la main et les chaussettes à l'envers. La brique de jus d'orange déborde et la paille glougloute. Ils échangent des cartes Pokemon et jouent aux durs. Quand leur maman arrivent, ils ne savent plus trop s'ils doivent se jeter dans ses bras ou jouer les blasés devant les copains.

Les mamans ont les bras chargés de petits frères et de brioche au chocolat. Elle se hèlent en souriant et essaient de réguler le flux entrant/sortant de l'unique ascenseur. Elles attrapent leur fils et le copain de la voisine qui habite à côté. Ajustent le pull, ferment la polaire, recoiffent et pestent contre les entraîneurs qui "vous laissent sortir avec les cheveux mouillés alors qu'il fait un froid de gueux, viens là que je te mette ta capuche".

Le samedi, il y a plus de papas. Les papas font les malins. Ils sont chez eux dans cette ambiance de vestiaires. C'est une histoire de code, de solidarité mâle. On ne peut pas comprendre.
Ils échangent deux-trois mots avec l'entraîneur, ébouriffent la tête de leur fiston, se réjouissent de ses bleus, de sa mine fatiguée et de ses yeux qui brillent.
Parlent du match de la veille, du placage de Chabal, des Sud Africains quasi humiliés, de foot aussi.
Eux aussi resteraient bien boire un verre au Club House, mais c'est le début de l'année, ils doivent d'abord gagner leur place dans la confrérie du Club. Assister aux matchs, faire les déplacements. On verra aux beaux jours, quand l'air sera doux et la pelouse accueillante.

Aujourd'hui, c'est moi qui suis venue te chercher. Je me suis garée dans le parking sous terrain et je me suis pressée pour ne pas être la dernière. tu n'aimes pas trop ça. Rester le dernier avec l'entraîneur. Tu ne t'attendais pa à me voir. Tu es en pleine discussion avec une bande de garçons que je ne connais pas. Tu es agenouillé et tu regardes un classeur. Tu lèves les yeux et tout de suite, un immense sourire. Ah maman, c'est toi ? Tu as mon goûter ?
Non, je ne l'ai pas. C'était ton goûter ou arriver en retard.
Ton visage se ferme et toute la douleur du monde se lit sur ton visage. Avant de changer d'avis en un éclair et de me donner ton sac. Viens, on passe par l'escalier, faut que je te raconte mon entraînement.
Alors... on a commencé

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