Il y a plein de choses dans la vie qui font peur.
La maladie, le handicap, le chômage, les catastrophes naturelles...
On les met à distance, on les contourne, on en rigole, on les fuit.
Et puis, il y a la vieillesse. Pas la sienne (celle là on s'en arrange un peu chaque jour, on vit avec, on bâtit des tranchées autour où on l'affronte le glaive à la main, mais on s'en occupe), mais plutôt celle des proches.
Celle là, elle nous met franchement mal à l'aise. On accélère quand on passe devant les maisons de retraite aux noms déprimants, on n'ose même pas penser au jour où il faudra demander des aides financières, trouver des auxiliaires de vie, perdre de son si précieux temps pour aider, accompagner, soutenir ceux qui nous ont portés pendant des années.
On pense à autre chose très vite quand les premières tantes, cousins, vieilles voisines viennent à disparaître.
On se dit qu'on a encore le temps d'y penser. Qu'on improvisera bien le moment venu, qu'on fera comme les autres.
Et on se replonge dans son quotidien.
J'ai lu ces derniers mois deux livres formidables.
Des romans courts et légers. Et graves aussi.
Qui ne parlent pas de la fin de vie comme d'un lent purgatoire de déchéance et de perte d'autonomie.
Mais au delà de cette réalité douloureuse, comme d'un réservoir de sagesse et de sérénité.
Le premier est de Vita Sackville-West et s'appelle "Toute passion abolie". L'histoire d'une Lady anglaise, qui décide de se retirer du monde une fois son époux décédé et qui vit ses dernières années dans la paix et le souvenir. Au grand dam de ses enfants qui pensent qu'elle a perdu la tête alors qu'elle a juste gagné enfin le droit de faire de qu'elle veut.
Et puis le roman de Sophie Fontanel "Grandir", qui vient juste de paraître et que j'ai lu ce week end pendant que Marguerite était tout contre moi.
Un roman sous formes de courtes chroniques de ses derniers mois avec sa maman fragile et âgée.
Ce n'est pas follement rigolo mais c'est tendre et délicat, intime et très pudique.
Et c'est d'autant plus touchant que l'image que donne d'habitude Sophie Fontanel, journaliste fantasque et décalée à Elle, est très loin de ce quotidien de fille aimante, dévouée, qui donne beaucoup et en retire une force formidable.
Et finalement, comme souvent, le loup garou fait moins peur quand on le regarde en face.
PS : crédit égaré pour cette photo..
PS2 : d'autres critiques du livre de Sophie Fontanel sur la page Facebook de Grandir, ici.