jeudi 31 mai 2012
Sur la tronche
Je voudrais rencontrer l'esprit vif et audacieux qui un jour est arrivé devant son client pour lui dire "vous savez, moi, je suis le fils naturel de l'Almanach Vermot et de Bruno Masure, et j'ai grandi en lisant l'Equipe et Gotlib. Vous allez voir, on va faire sourire la ménagère éreintée qui parcourt d'un air las les rayons sur-saturés de couleurs de son hypermarché pour faire un choix totalement cornélien entre 7 marques de cake aux fruits confits. Promis, les calembours à deux balles, c'est irrésistible".
Je voudrais le rencontrer, cet esprit vif et malicieux, et lui faire deux grosses bises sonores sur les deux joues.
C'est sans doute anecdotique, c'est sûrement insuffisant pour contrer la montée du chômage, l'allongement de l'ourlet des jupes et l'augmentation du prix du gasoil.
Mais, purée, ça fait du bien, les bras chargés de céréales et de fromage blanc O%, à 15 heures 34 entre le tennis de la grande et le rugby du pas si petit, de tomber nez à nez avec une phrase aussi inutile que "à ne pas confondre avec les tronches de cakes" sur un paquet de gâteau simili anglais saturé de graisses toutes pareilles, et gorgé de sucre jusqu'au ras du plastique d'emballage.
Même que ça crée de l'impulsion d'achat, comme dirait Monsieur Kotler.
PS : j'adorerais être payée pour écrire un billet pareil, vous pensez bien. Mais même pas. Et pourtant j'en avais déjà parlé ici des marques propres de Monoprix. Et là aussi.
PS 2 : sans rire, si vous connaissez le/la DC qui a vendu cette idée à Monoprix, dites-lui tout le bien que j'en pense.
mercredi 30 mai 2012
Marguerinator, contrôleur de travaux
Résidence grand luxe d'architecture contemporaine et éco-responsable comprenant 4 chambres, un jacuzzi et un garage couvert de 4 voitures. Environnement privilégié, la campagne à la ville, prox. immédiate écoles et commerces.
Sur commande spéciale de l'acheteur, un parking extérieur pouvant accueillir 20 véhicules de collection dans des conditions exceptionnelles est situé à distance idéale de la résidence.
Conception et Réalisation Cabinet d'architecture C&H - Colombes.
Une dimension polychromie évidente, une utilisation de matériaux bruts et des proportions rares, voilà qui est intéressant s'exclame un élément extérieur non contrôlable qui marque un temps d'arrêt dans sa course folle après un papillon, et consent finalement à se pencher sur l'oeuvre.
L'extraordinaire ambition de cet ouvrage d'art sans comparaison lui saute aux yeux.
Mmmm, mmmm, C'est indéniable, c'est du bon travail.
L'élément extérieur non contrôlable est d'abord séduit.
Mais alors, c'est le drame.
Le verdict tombe, sans appel.
L'ouvrage est perfectible.
Allez hop, du balais.
mardi 29 mai 2012
D'où ?
Very French Gangsters - Lunettes for kids |
En Suède, l'ouverture de la crèche Egalia où garçon et fille sont élevés sans considération de genre (pas de garçon, pas de fille, seulement des enfants pour faire court) fait couler autant d'encre que de larmes sur les joues d'une petite fille à qui on refuse un morceau de chocolat.
Pas de "les garçons ça pleure pas" ou de " tu es jolie comme une princesse"
J'ai un garçon qui a grandi avec un poster Hello Kitty au dessus de son lit et un Transformer à la main, une fille qui dort sur un lit de balles de Nerf et qui adore les robes qui tournent.
Chéri, on doit être un peu Suédois.
dimanche 27 mai 2012
Hey Sergio !
Jak and Jil |
Alors voilà, je l'imagine comme une femme belle, tou vois
Oune femme avec les talons très hauts, très vertigineux,
Oune femme qui n'a pas peur de la sédouction,
Oune femme avec de de l'animal aussi, oui, oune lion, non, oune tigre, oh la la, ça n'a pas d'importance, je veux du noir et du fauve.
Et j'ai oune idée.
On va ajouter sour le coup de pied oune pompon en fourrure bleue
(?)
Mais oui c'est la touche finale, lé coup de génie du créateur !
Avec ça chérie, tout sera oune sédouctrice avec une touche de mystère qui rendra folle les hommes.
PS : ces souliers extraordinaires sont commercialisés chez Sergio Rossi.
samedi 26 mai 2012
jeudi 24 mai 2012
mercredi 23 mai 2012
Heart of Glass(es)
Une Chic fille |
C'est un mystère. Comment a-t-on pu porter des lunettes aussi grandes que mêmes les joues étaient moins myopes avec avant de décider d'en porter des toutes transparentes sans montures, puis des rectangulaires au ras des yeux.... et de repartir dans l'autre sens pour revenir aux baies vitrées ?
Ca doit être ça qu'on appelle le mystère de la tendance....
( et à propos, ou plutôt sans rapport, on sait qu'on a franchi un cap quand c'est sa fille qui nous souffle les bonnes chansons à écouter. Là c'est FUN et ironiquement, le titre s'intitule "we are young". C'est malin)
mardi 22 mai 2012
A un poil près
The Daily Mail |
A un poil près toutes ces photos n'auraient pas existé.
(ou peut-être sans Photoshop. Mais je préfère penser que c'est le coup du hasard, de la chance, ou que c'est l'incroyable désordre des éléments qui par accident devient un coup de génie fabuleux)
Buzzfeed |
Toute la série est sur le site de Bored Panda et vaut le détour.
Et sinon, parce que je suis une bonne copine et parce que je tiens à vous, je vous donne les liens vers les deux sensations vidéos du jour : la publicité de Roman Polanski pour Prada (miam) et celle de l'agence Fred et Farid pour les maillots de bain Decathlon (c'est ce qu'on appelle une publicité aspirationnelle, une vision sublimée du produit. Très sublimée)
lundi 21 mai 2012
Restons calmes !
La dame de la librairie pour enfants de la rue de Lévis a dit "oui c'est l'histoire d'une femme qui a des ados - regard entendu - et qui décide de se mettre au jogging"
Regard entendu de Jean "ah, ça me rappelle quelqu'un"
- je ne vois pas du tout de quoi il parle -
Depuis que le livre est entré chez nous c'est devenu une mascotte.
Henri découvre que faire 8 kilomètres en courant c'est beaucoup et me regarde d'un autre oeil.
Marguerite trouve que ça se cale juste sous son bras pour faire la grande avec sa poussette, son sac et mes chaussures. En plus c'est les mêmes dessins que son livre des bruits. C'est donc à elle.
Jean me lance des regards entendus - je ne vois vraiment pas pourquoi -
Adèle et Jeanne découvrent tout plein d'idées de répliques pour couper à la corvée de table. Et ça renforce leur complicité.
Bon, je crois qu'il me reste plus qu'à aller courir.
PS : c'est vraiment bien.
dimanche 20 mai 2012
La contradiction de la compote en gourde
Le marketing à hauteur de 18-36 mois est une mine.
Dans tous les sens du terme.
Véritable creuset d'innovations, il est aussi un chouette feu d'artifice, une explosion de pétards multicolores et joyeux, dont certains sont toutefois.. étonnants à l'usage.
A hauteur d'enfant, une compote en gourde, c'est une aberration.
Qui a jamais approché un petit à moins de 2 mètres sait qu'il lui est impossible de ne pas montrer sa joie de toucher enfin son gouter sans appuyer très fort au centre du contenant, projetant de ce fait tout ce qu'il contient.... ailleurs que dans sa bouche.
D'où une intense frustration.
D'où des cris de désespoir intenses.
D'où un énorme soupir d'agacement de l'adulte (qui aimerait bien lui aussi pousser un cri strident mais sait que ce n'est pas une réponse acceptable) avant d'essayer de rattraper ce qui est rattrapable avec son doigt - faute de cuillère (rapport au fait que la compote étant présentée en gourde, elles permet de se passer de l'accessoire cuillère) en grommelant la phrase inutile mais défoulatoire : "rhôôô mais je t'ai déjà dit de ne pas appuyer au milieu, quel cochon tu fais"
Ca marche aussi très bien avec le yaourt en tube et le jus de fruit en briquette.
Il en va de même pour la couche d'apprentissage façon culotte.
Qui, certes, à l'inverse de la compote, ne procure aucune gêne à l'enfant.
Mais qui en revanche, permet à son soignant quotidien d'élargir considérablement sa palette de jurons se terminant par "ain" "ier", voire "uck".
Une couche façon culotte n'a pas d'attaches élastiques. Elle s'enfile debout.
Ah, la belle affaire, la porte ouverte à la découverte du monde, comme un véritable petit d'homme.
Et hop, debut mon lapin, une jambe, une autre jambe, et voilà !
Sauf sur jambes encore un peu humides après le bain.
Sauf sur jambes encore un peu humides après le bain et après course effrénée dans l'étage.
Une couche culotte n'a pas d'attaches élastique.
Au moment du change, scratch scratch, on déchire les côtés et hop, un coup de lingettes et bébé a les fesses bien au sec.
Sauf quand on s'y prend mal, ou qu'on est pressé, ou que la situation est grave, malodorante ou... débordante. Tout le temps en définitive.
D'où les jurons.
D'où la tension,
D'où les cris de rage de l'enfant sentant bien la tension émanant de l'adulte penché sur sa couche et voulant partager son courroux.
Bouddha n'avait pas d'enfant, Jésus non plus.
On comprend mieux leur sérénité face à l'épreuve.
Tout s'explique.
samedi 19 mai 2012
on se lève tous pour Jamie
Instagram de Jamie Oliver |
Jamie Oliver n'est pas qu'un roi des médias et de l'édition qui réussit à vendre des bouquins de cuisine par milliers.
Pas non plus seulement un mari aimant et le père de 4 enfants aux prénoms façon "je fais un concours avec Cécile Duflot pour savoir qui aura l'imagination la plus bucolique"
Pas non plus seulement mon ange gardien de diners qui me souffle des idées de recettes inratables, gourmandes, remplies de saveurs qui me valent le début d'un commencement de bonne réputation de table à laquelle on a envie de s'asseoir.
C'est aussi un cuisinier qui a décidé de s'attaquer à l'obésité et à la malbouffe en montrant que se nourrir sainement est à la portée de tous, même ceux qui n'ont pas les moyens d'aller au marché d'Aligre tous les dimanches matin, même ceux qui ont une réduction SNCF famille nombreuse à 50%, même ceux qui ont deux mains gauches et un palais en bois.
Aujourd'hui, c'est la Food Revolution Day à travers le monde.
Allez sur le site pour voir si un événement est organisé à côté de chez vous.
Et faites un gâteau
(ou une soupe)
(ou des pâtes au pistou)
Moi je me lance dans un Risotto Bianco.
Le premier de ma vie. Avec Jamie of course.
Libellés :
Foodrev,
Jamie Oliver,
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recette,
stand up for real food
jeudi 17 mai 2012
Make a list
Glee |
Quelques jours de liberté où on va pouvoir faire toute ce qu'on n'a jamais le temps de faire : faire un grand tri de placards, rapatrier toute la musique du vieux PC sur le nouveau Mac, coudre de boutons qui pendent par ci par là, aller au musée, bruncher, courir, faire la sieste au soleil, regarder un film en pleine après-midi, trouver des recettes simples, saines et rapides pour les soirs de semaines, se laquer les ongles, voir des copains, se regarder les yeux dans les yeux, aller chez IKEA, à Montmartre, ou les deux. Préparer la prochaine fête familiale, tailler les roses fanées, déclarer la guerre aux mauvaises herbes, se lever tard, acheter de nouvelles lunettes.
Dites moi ça vous arrive de ne faire qu'une toute petite portion de tout ce que vous aviez amoureusement prévu et d'en concevoir une vague culpabilité ?
Ca doit être ça qu'on appelle le vertige de la page blanche.
mercredi 16 mai 2012
English Vocabulary : scavenger
Hula Seventy Instagram |
scavenger |ˈskavənjər|nounan animal that feeds on carrion, dead plant material, or refuse.• a person who searches for and collects discarded items.• Brit. archaic a person employed to clean the streets.• Chemistry a substance that reacts with and removes particular molecules, radicals, etc.ORIGIN mid 16th cent.: alteration of earlier scavager, from Anglo-Norman French scawager, from Old Northern French escauwer ‘inspect,’ from Flemish scauwen ‘to show.’ The term originally denoted an officer who collected scavage, a toll on foreign merchants' goods offered for sale in a town, later a person who kept the streets clean.
Fermez vos yeux.
Goûtez le mot "scavenger" avec vos oreilles et tournez le dans votre tête.
Ne trouvez-vous que ça sonne martial et aventureux ?
J'imagine un super héros période blade runner, sombre mais plein de courage.
Ouvrez les yeux, et découvrez comme moi que scavenger veut dire... charognard.
L'ignoble vautour de Lucky Luke.
So long Jolly Jumper, pfft.
(mais c'est drôle car manifestement en anglais, le terme charognard ne charrie pas le même champ d'imaginaire sombre et beurk qu'en français)
mardi 15 mai 2012
Palmiers et ciel curaçao
Cinabrio |
Je me souviens de la première fois où j'ai roulé sur une route bordée de palmiers, les fenêtres grandes ouvertes et la radio jouant de la FM californienne sucrée comme le milk shake au pépites de chocolat dans mes mains.
Mes cheveux longs s'emmêlaient dans le vent et je tournais mon visage vers le soleil en clignant des yeux.
Scène irréelle pour la petite bretonne échappée en Floride, biberonnée aux séries américaines sur-péroxydées et sur-bronzées.
Short en Liberty et Bensimon rouge. T-shirt oversize et sacoche en cuir.
Française échappée dans un épisode produit par JJ Abrams.
lundi 14 mai 2012
Seamless
Il y a des jours qui prennent plus de place que d'autres dans la mémoire.
Des jours lumineux et doux dont on ne gardera que quelques clichés pas forcément réussis malgré l'armée d'appareils photo sur les tables.
Où miraculeusement tout semble se mettre en place sans accrocs : le ciel sans un nuage, le repas, les conversations qui rebondissent sans efforts.
Avec des enfants qu'on manque d'oublier avant de les voir surgir comme des diables, la bouche barbouillée et l'air hilare.
Et des ados qu'on ne voit pas tellement plus que d'habitude (ce qui est plutôt bon signe)
Sans effort.
jeudi 10 mai 2012
e-Avé
Avant on disait "Allo"pour commencer les conversations téléphoniques.
Ou bien on déclinait son nom, sa fonction, le nom de son entreprise.
Une introduction neutre, entrée en matière générique qui permettait - comme dirait les anthropologues - d'initier le contact.
Bonheur et confort de normes sociales immuables.
Aujourd'hui, on ne reçoit plus d'appels, on prend en communication une personne déjà identifiée par son numéro, son nom ou même sa sonnerie de téléphone.
Alors, à l'eau "Allo" et bonjour "oui, ma poupoune ?" "ah, bonjour Mercier, j'attendais votre appel" voire un direct "oui, je sais je suis à la bourre mais je suis presque là" ou bien encore "téou ?"
Par mail, par messagerie instantanée, par SMS, c'est encore une autre histoire. On n'a jamais autant écrit et pourtant on n'a jamais su aussi peu comment commencer les conversations.
On se retrouve à appeler à l'aide l'Esprit Saint et ses vertus polyglottes. On donne du "holà" et du "Buon Giorno", ou bien encore du "Kenavo" quand on rentre d'un week end en Bretagne (alors que tout le monde sait que ça veut dire au revoir - enfin non, pas tout le monde manifestement)
"Hello" reste la valeur sûre. Pas guindé sans être trop familier, raisonnablement cool mais quand même poli. Une alternative sans cravate au bonjour qui sent la poignée de mains franche et le contact un chouille formel.
On cherche, on hésite, on tricote, on bricole et on rafistole pour s'adapter aux situations et aux interlocuteurs.
Et on se prend parfois à regretter l'Allo.
mercredi 9 mai 2012
Tapis Rouge
Exercice de style numéro un de la star(lette), le tapis rouge est devenu une tarte à la crème des magazines. Pause avantageuse, moue et gaine spandex, les photos ont souvent le goût du papier glacé et l'odeur des panneaux super logotypés devant lesquels elles sont prises.
Celles de Jamie du blog from me to you (en photo ci dessus) sont elles délicatement vivantes et incarnées. On peut y sentir le vent frais sur les épaules dénudées, on y voit le détail de chute de rein et des décolletés ravageurs, et surtout on touche du doigt tout ce qui se passe en dehors de ces moments de pause, figés devant le mur de photographe. Toute ces foule et cette effervescence concentrés en un même endroit dans un temps si court.
Enjoy !
Time to Bich
The Fancy |
"J’ai aussi ces chaussures de chez Bootleg, une boutique à Austin, que j’adore. D’ailleurs, je les ai réparées tant de fois avec du scotch que la dernière fois, quelqu’un m’a demandé si c’était du Margiela… J’ai éclaté de rire !"
(Alessandra, chroniqueuse du women's wear daily interviewée par Garance Doré)
lundi 7 mai 2012
Hip Hip Hip, Hipsters
Monsieur Cabinet est un illustrateur américain au nom étrange. A l'heure où on est tous des photographes hors pair grâce aux applis de téléphone, voir de beaux dessins change drôlement le quotidien
We were evergreen est un groupe de jeunes français chevelus et proprets aux mélodies aussi légères qu'effervescentes. Leur titre est en téléchargement gratuit sur leur site.
le Daily Elle est un fil d'info qui met l'accent tout au long de la journée sur des moments, des objets de désirs et des attitudes qui font baver une frange extrêmement limitée de la population, équipée d'une carte orange réduite aux arrondissement à un chiffre. Et qui, par exemple, sur-aime APC marque idolâtrée par les hipsters parce que c'est net, taillé près du corps et dans des belles matières.
Un petit ilôt faussement futile, absolument pas indispensable et donc très rafraichissant.
Bonne journée !
dimanche 6 mai 2012
Mon gros lapin
Brésil (en bas), Suède (en haut) même combat.
Des installations artistiques hors format.
En tongs (en bas) ou en tuiles (en haut)
Même détournement d'usages de matériaux
Honestly WTF ("non mais franchement, c'est quoi ce truc ?" en VF) dit le site qui les recense.
Et c'est bien
samedi 5 mai 2012
De battre mon choeur...
La chorale enregistre son disque.
Quatre demi journées de prises de son et de photos souvenirs.
Choristes qui retiennent leur souffle et se lancent, le regard tourné vers la chef de choeur, suspendus à ses mains et son regard, super concentrés pour que son visage s'éclaire à la fin du chant et qu'après les 5 secondes de silence d'église obligatoires, ils puissent enfin glousser, se déhancher sur leur chaise et échanger leurs impressions avec leurs voisins.
Chahut, chatouilles et plaisanteries pour relâcher la pression en espérant que le verdict de l'ingénieur du son soit à la mesure de leurs attentes et qu'il puisse passer au chant suivant, contents et confiants.
Il y les discrètes les pieds posés par terre, les cheveux sages attachés et les mains à plat sur les genoux. Les malicieuses qui pétillent et peinent à tenir en place et les sages qui irradient simplement du plaisir d'être là.
La chef de choeur qui pose sur eux tous un regard exigeant et aimant, voulant faire de ces moments des souvenirs pour leur vie.
Et les rares spectateurs qui se font tout petit et se taisent pour ne pas empiéter dans cette harmonie, portés qu'ils sont par les vers du cantique de Jean Racine.
mercredi 2 mai 2012
Tiss
Vers deux ans, tous les bébés reçoivent un don universel et merveilleux.
Le pouvoir de rendre fou.
Répéter en boucle Ola Ola, en montrant du doigt le placard interdit de la cuisine. Devant l'inflexibilité de l'Adulte Impitoyable, se décomposer, pousser un long hurlement et se laisser glisser à terre en décidant de mourir (ou de voir si une céréale du petit déjeuner n'aurait pas roulé sous la table).
Refuser toute tentative d'habillage post douche, post nuit, post sieste, post retour de jardin. Essayer d'échapper à cette torture insoutenable en se cachant (mal) et en tentant une conversion comique dite du "regarde, maman, je suis cachée". En profiter pour faire pipi sur le lit parental. Ou déranger la pile de linge posée sur le dit lit. Voire faire pipi sur la pile de linge posée sur le lit après l'avoir atomisée façon puzzle.
Dédaigner la poussette - trop simple, trop pratique, trop rapide, trop reposante - que propose l'Adulte Impitoyable. Préférer la marche syncopée à altitude variable. Laisser parler sa nature romantique et contemplative en s'immobilisant de longues minutes devant un bout de trottoir et décider que là, c'est bien et que plus loin c'est inconcevable. Supporter la main de l'Adulte Impitoyable pour traverser la rue comme Jeanne d'Arc a supporté le bûcher - avec fatalisme et impatience. Le salut est ailleurs, après.
Manger avec application et soin puis décider de renverser son verre, de faire des dessins au yaourt sur la table. Tenter un masque capillaire à la carotte et un lavage oculaire à la compote. Rire. Puis crier de rage en jetant son verre par terre parce que finalement cette cosmétique bio c'est très décevant.
Réclamer le téléphone pour parler à papa. Répéter 45 fois "papa, papa" sur tous les tons sans attendre aucune forme de réponse. S'accrocher au combiné pour éviter une coupure de communication intempestive. Vivre cette coupure. Pleurer devant cette privation de droits vitaux de l'Adulte Impitoyable. En garder rancune qui sortira dans 10 ans pile, veille d'anniversaire.
Doser avec une science innée le chaud et le froid pour maintenir la pression sur l'Adulte Impitoyable juste en dessous de l'implosion. Se tromper parfois et se retrouver seul face à un mur, les bras quasi derrière le dos. En ressortir plus fort et les bras pleins de câlins. Tenter un petit grognement de chat heureux et des bisous baveux. Effacer instantanément son ardoise.
Et repartir de plus belle
PS : allez voir it's hard being two : ce blog est hilarant
mardi 1 mai 2012
A question of choice
"People run from rain but sit in bathtubs full of water."
Charles Bukowski
Sans doute à force de grandir dans un pays humide (hum hum), je finis par trouver la pluie polysensuelle comme on dit dans les tests conso de yaourts aux arômes naturels de vanille bourbon.
Mais si, la pluie sent bon surtout les soirs de grande chaleur,
la pluie dessine des couleurs dans le ciel qui nettoient les yeux,
la pluie couvre tous les puits moches de la ville et les enveloppe d'un bruit blanc aussi réconfortant que ce lui du lave linge programme laine.
la pluie donne bonne mine à celui qui veut bien lever la tête et arrêter de faire la tête.
Et tant pis pour le brushing ruiné, l'odeur de chien mouillé en réunion et la baguette qui colle à son papier.
(j'aime bien le soleil aussi. franc, massif et chaud. mais pour l'instant il semble nous faire défaut par ici)
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