mercredi 2 mai 2012
Tiss
Vers deux ans, tous les bébés reçoivent un don universel et merveilleux.
Le pouvoir de rendre fou.
Répéter en boucle Ola Ola, en montrant du doigt le placard interdit de la cuisine. Devant l'inflexibilité de l'Adulte Impitoyable, se décomposer, pousser un long hurlement et se laisser glisser à terre en décidant de mourir (ou de voir si une céréale du petit déjeuner n'aurait pas roulé sous la table).
Refuser toute tentative d'habillage post douche, post nuit, post sieste, post retour de jardin. Essayer d'échapper à cette torture insoutenable en se cachant (mal) et en tentant une conversion comique dite du "regarde, maman, je suis cachée". En profiter pour faire pipi sur le lit parental. Ou déranger la pile de linge posée sur le dit lit. Voire faire pipi sur la pile de linge posée sur le lit après l'avoir atomisée façon puzzle.
Dédaigner la poussette - trop simple, trop pratique, trop rapide, trop reposante - que propose l'Adulte Impitoyable. Préférer la marche syncopée à altitude variable. Laisser parler sa nature romantique et contemplative en s'immobilisant de longues minutes devant un bout de trottoir et décider que là, c'est bien et que plus loin c'est inconcevable. Supporter la main de l'Adulte Impitoyable pour traverser la rue comme Jeanne d'Arc a supporté le bûcher - avec fatalisme et impatience. Le salut est ailleurs, après.
Manger avec application et soin puis décider de renverser son verre, de faire des dessins au yaourt sur la table. Tenter un masque capillaire à la carotte et un lavage oculaire à la compote. Rire. Puis crier de rage en jetant son verre par terre parce que finalement cette cosmétique bio c'est très décevant.
Réclamer le téléphone pour parler à papa. Répéter 45 fois "papa, papa" sur tous les tons sans attendre aucune forme de réponse. S'accrocher au combiné pour éviter une coupure de communication intempestive. Vivre cette coupure. Pleurer devant cette privation de droits vitaux de l'Adulte Impitoyable. En garder rancune qui sortira dans 10 ans pile, veille d'anniversaire.
Doser avec une science innée le chaud et le froid pour maintenir la pression sur l'Adulte Impitoyable juste en dessous de l'implosion. Se tromper parfois et se retrouver seul face à un mur, les bras quasi derrière le dos. En ressortir plus fort et les bras pleins de câlins. Tenter un petit grognement de chat heureux et des bisous baveux. Effacer instantanément son ardoise.
Et repartir de plus belle
PS : allez voir it's hard being two : ce blog est hilarant
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je suis en plein dedans ....
RépondreSupprimerOuiiiiiiii !!!! "Voire faire pipi sur la pile de linge posée sur le lit après l'avoir atomisée façon puzzle." Je meurs de rire :) Carlotta.
RépondreSupprimerOUI...je n'ai rien oublié.
RépondreSupprimerAVEC TOI...COURAGE !
Larmichette. Je me retrouve 14-12 ans en arrière. Tellement bien dit !
RépondreSupprimerJe revois le film ... C'est dur aussi de rester l'adulte impitoyable, juste assez ...et zen avec tout ça avec la sérénité du Juste !
RépondreSupprimerAh, j'ai trouvé comment commenter : il faut que je réponde à un commentaire existant, sinon ça ne marche pas. Bref.
SupprimerSo true !
Les bien nommés "terrible two".
J'ai depuis ce temps pas si lointain, avec ma tête de mule à moi, développé la stratégie - toujours en vigueur - de l'alternative :
tu mets ton manteau seule ou je t'aide ?
tu veux ton eau dans le gobelet vert ou le gobelet bleu ?
tu montes à deux pattes ou à quatre pattes ?
on y va par la rue truc ou par la rue machin ?
(ad lib.)
Donner le choix mais obtenir ce qu'on veut.
ça marche, pas toujours mais pas trop mal.
Merci à vous tous. Quel choeur ! Je me sens moins seule tout à coup (même si je sais que ces terrible twos passeront trop vite)
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