jeudi 29 novembre 2012
L'enfant derrière le paquet de céréales
TOUS les enfants du monde se planquent derrière leur paquet de céréales le matin
A se demander s'ils mangent ces substituts de croquettes seulement pour pouvoir dresser cette barrière devant eux. A moins que ce ne soit l'ultime preuve de leur proximité avec le mode de vie de leurs zamis à quatre pattes : manger, dormir, se promener, jouer.
Ou alors parce que c'est le moyen de déplacer l'espace personnel de leur lit trop tôt quitté sur la table familiale, de prolonger la douceur du cocon de la couette, de rester dans leur bulle ultra-personnelle, confidentielle.
S'isoler de la radio qui parle trop fort, de la lumière trop vive, des frères et soeurs aussi patauds qu'eux à force de ne pas réussir à sortir du sommeil.
Loin des parents, aussi, pas fort réveillés non plus mais qui tentent d'établir le dialogue et d'imposer des règles de bien-vivre. Comme si les règles de bienséance pouvaient s'appliquer avant 8 heures de matin alors que même Louis XIV, lui, ne se levait pas avant le soleil (qu'il était, certes, mais c'est une autre histoire).
Parce que la conversation est impossible si tôt le matin, les connexions pas encore toutes faites, la moitié des neurones encore dans les rêves et l'autre moitié mobilisée à tenir la cuillère d'une main et la tête d'une autre, pour actionner l'ouverture de la mâchoire, enfourner la cuillère et mâcher sa bouillie.
Alors le mur du paquet donne un semblant d'intimité, un semblant de contenance parce qu'ils font semblant de lire les informations écrites au dos alors qu'en fait leur tête est encore en train de dégommer des indiens dans le Far West (ou de dévaliser H&M ou de tirer la langue au prof de maths).
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