La neige recouvre la ville d'un manteau blanc et l'ensevelit sous son édredon douillet jusqu'à étouffer tous les bruits et donner un air de station de ski au moindre arrêt de bus. Les pas font scrounch, les voitures roulent toutes aussi silencieusement que les Prius. Les enfants, ravis, regardent les flocons tombent et brûlent d'envie d'aller se rouler dans la neige.
Et exactement en même temps
On réalise ce que le mot sagesse veut dire quand on croise des personnes âgées chaussées de gore tex décathlon spécial rando, au mépris de toute considération esthétique mais leur garantissant une marche digne sur les trottoirs
On voit des lutins encapuchonnés qui décident de faire un petit jogging dans les rues et sur les trottoirs transformés en patinoire. Avec leurs pompes à 1000 dollars aussi étanches qu'un avenot acheté sur la Potinière pour pêcher les crevettes dans les rochers.
On se souvient comme c'est chouette un trottoir sec
On attend le train pendant de longs minutes sur le quai en se pesant le pour et le contre : enlever ses gants pour jouer avec son iPhone au risque de ne plus sentir ses doigts au bout de 2 minutes ou écouter la conversation des deux dames qui pestent contre le service de transports en commun et alignent des lieux communs à la pelle pour oublier qu'elles vont être en retard. Avant de prendre son iPhone.
On annule toute sortie et on se love à côté du feu
On voit la ville quitter trop vite ses atours si blancs si chics pour devenir gris, bouillasseux et moche.
On prend des photos avant que tout disparaisse même si on sait que tout le monde aura la même.
On se croit au ski alors on a une furieuse envie de raclette et de dodo qui commence à 21 heures
On se retrouve tout frais après 10 minutes de marche, avec le bout du nez rose comme après un bol d'air.
On rêve de printemps et on se retrouve avec un gros bouquet de mimosas dans les bras.
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