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| Garance Doré |
mirage |məˈräZH|nounan optical illusion caused by atmospheric conditions, esp. the appearance of a sheet of water in a desert or on a hot road caused by the refraction of light from the sky by heated air.• something that appears real or possible but is not in fact so: the notion that the public is pro-business is a mirage.ORIGIN early 19th cent.: from French, from se mirer ‘be reflected,’ from Latin mirare ‘look at.’
Fâché(s)s de la fashion, égaré(e)s devant les pages modes de magazines, perplexes face à la fascination des modeuses averties et débutantes pour les photos de l'Impératrice corse de la blogosphère Garance Doré ?
Je vous comprends. Ou plutôt je vais essayer de vous faire comprendre.
Exercice pratique, cette photo postée la semaine passée et qui depuis flotte sur le réseau comme Casper dans les airs.
Sous ses dehors banals, cette photo est un mirage.
Je le sais parce que, comme tout mirage, on la croit proche.
On aime ou on n'aime pas la chaussette dans la sandale, le jean roulotté et les pieds qui se cherchent du coin de l'oeil. C'est une posture, un statement comme disent les anglophones. Sachez que vous allez en voir partout ce printemps, préparez-vous, mais là n'est pas la question.
Dans tous les cas, tout cela n'a pas l'air bien sorcier.
Un jean, des sandales et des chaussettes.
No big deal.
Pas de quoi se réveiller à 5 heures du matin, sauter de son lit pour se poster, haletante et confuse devant son dressing avec l'envie irrépressible de copier la fille de la photo et l'impression tenace que l'on n'y arrivera pas.
Sauf que, si l'on y regarde de plus près, on comprend pourquoi c'est un mirage.
Very Very far away the mirage même
Car pour copier cette photo, il faut avoir réussi à réaliser trois des achats les plus ardus du vestiaire féminin.
(la suite après le saut, ce serait dommage de rater le dénouement d'un billet à tel quotient de suspens)
Donc, trois achats ardus à réunir dans une seule et même tenue.
Deux chaussettes identiques (et l'on sait que la notion de paire est toute sauf évidente quand ils s'agit de chaussettes), d'une belle couleur marine (deux tons d'écart, plus foncés ou plus clairs et c'est la cata), à votre taille (sinon ça dégouline sur le bitume), pas trop serrées (sinon ça boudine la cheville) ni relâchées (sinon ça fait pom pom girl de campus des années 90).
Des jolies sandales blanches à talon : plusieurs mots de cette locution semblent étrangement mal assortis. Depuis la mort sur les barricades des sandales Scholl à trou trou de nos grands mères, la couleur blanche a disparu des étals des marchands de chaussures au delà de la pointure 32. Même les infirmières portent des Crocs flou, c'est dire. Il y a bien vos délicats souliers de mariage de 1996, légèrement nacrés, portés une seule fois, mais non, laissez-les reposer dans leur papier de soie sous le lit, ils y dorment très bien..
Un jean bleu à jambe droite. Rapport au roulottage du bas. Impossible de roulotter les slims secondes peau que tous les magasins semblent absolument vouloir nous vendre. Et super pas beau le revers d'un jean trop large qui flotterait au dessus de nos chaussettes, nous rappelant furieusement la grande marée du 17 août sur les rochers du Pouliguen.
Ah, et j'oubliais. Un jean bleu. Ni trop délavé (Nirvana nous voilà), ni mal délavé (avec des moustaches à l'entrejambe, des effets de matière sur les genoux, les créateurs ont parfois des idées bien étranges), ni brut (puisqu'on a dit délavé).
Un mirage
Mais un mirage si joli qu'on l'accroche sur son board Pinterest en se disant que oui, un jour, on y arrivera.
(Avant d'enfiler un jean noir, des boots, une chemise et un pull)
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