Une tête d'icône

Google Free Icons

Allo Docteur,

Je ne vous dérange pas ? Vous allez bien ? Ah tant mieux.
Moi, oui ça va, enfin pas totalement hein, sinon je ne vous appellerais pas, vous savez ce qu'on dit. Alors, figurez-vous qu'elle est revenue mon affection chronique.

Vous ne vous souvenez plus ? Attendez, vous allez voir.
On la croyait disparue, endormie, assoupie, noyée sous les kilomètres de page Word et Text.
Mais non, elle couvait, la fourbe elle n'était pas loin.

Mais oui, docteur, ma powerpointinite !
Vous vous souvenez ? Ah on en avait bavé pour s'en débarrasser, hein. M'avait fallu un congé maturité à rallonge, des pages et des pages de rédaction au kilomètre pour que ses symptômes disparaissent, pour que j'arrête de double cliquer sur le P de barre d'outil frénétiquement à chaque fois que j'ouvrais mon ordinateur.
Pour un peu j'aurais pu complètement l'oublier.
Jusqu'à la rentrée.



Ca a commencé tout bêtement, par une recommandation soufflée par une collègue qui voulait que je prenne vite les habitudes de ma nouvelle maison de jour. Ah, ça j'ai eu du mal à lâcher mon traitement de texte. Mais bon, j'ai essayé.
Au début, ça m'a rien fait du tout. Ca me dégoutait même un peu tous ces blocs de texte et ces flèches conquérantes. Et puis, j'y ai pris gout. Je me suis même surprise à refaire des animations sur un slide avec le coeur battant.

Mais là où j'ai su que je prenais la mauvaise pente du toboggan, c'est quand j'ai préparé un petit 10 pages pour l'entrepreneur qui fait nos travaux. Avec des photos et des captures d'écran. Ah je vous avoue, Docteur, je n'en suis pas fière, hein, de ce petit sursaut de fierté devant l'imprimante couleur.

Et depuis 10 jours, je ne maitrise plus rien. Après les animations timides et les graphes collés en image pour garder la mise en page de l'excel à double entrée, j'ai replongé dans les icônes. Faut dire que depuis 5 ans tout a changé. Maintenant on trouve des icônes très bien et c'est même pas payant. Alors sur mon écran c'est le festival des bustes sans visage, des cibles et des tubes à essai bouillonnants. J'ai même collé un cupcake en couleur pour illustrer un verbatim qui disait "faut éviter la tarte à la crème". Je conceptualise, je symbolise, je synthétise et je planifie.

Je ne sais plus si c'est Noël ou l'Apocalypse, Docteur.

Et attendez, je suis à deux doigts de faire un plan de gouvernance familial pour la fin de l'année. C'est vrai qu'avec tout ce qui s'annonce, les cadeaux, les fêtes familiales, les conseils de classe, un petit logigramme me calmerait les nerfs.

Il faut que vous m'aidiez.