Les vêtements, ça a quelque chose de futile, d'énervant, de saoulant, d'indispensable et de négligeable.
Preuve en est l'uniforme que nombre d'entre nous revêtons chaque jour pour ne pas avoir à nous poser l'épineuse question qui met le bazar dans notre organisation millimétrée du matin "mais qu'est-ce que je peux mettre".
On a aujourd'hui, et c'est heureux, le plus souvent le privilège de choisir son uniforme.
L'uniforme peut être un pantalon noir et des baskets ou un costume bleu marine avec une chemise blanche (Hello Barack) ou un pull bleu avec un jean brut et des boots (Hello Jean) ou un total look Décathlon. Si l'habit reste un marqueur social, les coutures s'en sont un peu détendues et à moins de travailler dans la banque ou dans l'assurance, l'éventail des propositions est large et chacun peut composer sa panoplie presque comme il l'entend.
Et pourtant, la fashion week vient de se terminer (mais va-t-elle vraiment s'arrêter ? J'ai l'impression qu'elle est toujours en ligne quelque part), nous sommes assaillis de propositions plus ou moins alléchantes pour renouveler sans cesse notre penderie, et bon sang de bon soir, l'habit, quoi quoi dise, quoi qu'on fasse, fait encore bien souvent le moine.
On peut le prendre comme une tannée, une injonction insupportable, de la gourmandise ou une malédiction.
Sophie Fontanel, elle, passionnée par les vêtements, a une toute autre explication, qu'elle nous livre à l'occasion d'un hommage rendu à Jean Rochefort, disparu dimanche soir.
"Je vis les cardigans dans des couleurs dingues quand personne n'en portait. Je vis les grandes écharpes rouges, les trenchs verts, les pantalons de velours qui ne faisaient pas penser à mes professeurs d'université mais à un excentrique Hongrois. Et je vis le lien, entre ce chic libre et décalé, et la vie sexuelle.
Et je compris que les vêtements expriment la suite de ce que la peau voudrait dire. Et je compris de lui, là, qu'il disait au monde qu'on n'a jamais le droit de s'emmerder."
Ainsi donc, la manière dont on s'habille peut aussi être le vecteur silencieux d'un message subliminal, le vecteur de notre humeur au monde, de notre vraie nature intérieure.
L'élégance de Jean Rochefort n'était pas d'être un clone des tendances de la mode, elle n'était pas non plus de s'afficher avec un SMIC sur le dos. Non, elle était de laisser libre court à sa fantaisie et de laisser voir son élégance et sa liberté intérieure.
Prenez une moche personne et habillez là avec une panoplie de Jean Rochefort, et il sera au mieux ridicule, au pire affligeant.
Et ça c'est rassérénant non ?
L'intégralité de l'article (avec un titre qui ne le sert décidément pas) est à retrouver ici : "le style de Jean Rochefort a marqué une époque"
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