Garance Doré |
Au printemps 2010 - il y a des siècles pour ainsi dire - la créatrice Isabel Marant a l'idée marrante (pardon) de créer des chaussures de sport montantes avec un talon dedans, planqué. Soit l'assurance d'avoir une allure de fille à la cool tout en ayant le mollet nerveux, la cuisse tendue et la fesse itou.
Mouais, ok, pourquoi pas.
En août 2010, la rue (enfin le haut de la rue, celui qui vit sur les ventes de presse ou autour de la place des Vosges) s'empare de cette basket que nous appellerons désormais sneakers. Garance Doré la photographie (et ça c'est bon signe).
Beaucoup bavent d'envie devant cet objet de désir, Saint Graal inaccessible (sinon, ça serait pas un Graal, on est bien d'accord). Les boutiques Marant ne courent pas les centres commerciaux et les prix pratiqués sont rédhibitoires pour à peu près tout le monde.
Certains flairent le bon coup et travaillent sur des copies moitié moins chères. Mais chères quand même.
Hiver 2011, toutes les marques de chausseurs s'y mettent avec leur sneakers compensées. Marant vacille mais garde le cap. Elle est l'original et multiplie les déclinaisons.
Printemps 2012, on trouve des copies pour moins d'un quart du prix de l'original dans toutes les boutiques multi pas marques des rues commerçantes.
C'est la gloire.
De 12 à 55 ans, de la sortie du Collège à la queue du Carrefour, la sneaker compensée à grosse languette fait fureur.
Je me demande bien ce qu'en pense la créatrice de l'original.
Est-elle flattée de voir son modèle traverser les couches sociales et atteindre finalement un public auquel elle n'avait jamais pensé ?
Est-elle super énervée contre ces industriels copistes qui pillent et copient impunément les idées des autres et banalisent un produit qu'on voudrait garder d'exception ?
Sans doute un peu des deux.
PS : snob comme je suis, je continue à penser que l'original a quand même un truc en plus. Mais l'avalanche de copie m'a coupé toute envie de manger des nouilles pendant 1 mois pour me les payer
PS2 : minute d'auto-célébration, je réalise que j'avais parié sur ce carton ici. Héhé !
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