Elle est partout.
Dans les listes de courses écrites à la va-vite sur un bout
de journal, roulées en boule au fond d‘une poche.
Dans les articles découpés dans les journaux et affichés
dans la cuisine, dans la lingerie, dans le bureau, dans les livres, dans les tiroirs avec la date écrite à la main dans un coin
Dans l’ordonnancement nickel des draps
Dans les placards de la cuisine et les vieux paquets de
pralin bio périmés depuis 3 ans
Dans ses peintures accrochées au mur ou celles, jamais
terminées, rangées dans un carton à dessin
Dans le parfum qui flotte dans son armoire et sur son gilet
préféré
Dans une boite en fer blanc où sont rangées toutes les
lettres envoyées pendant un an
Au dos des photos, toutes annotées d’un nom, d’un lieu et
d’une date
Dans le vert pétard de la salle de bain des enfants
Dans ce plat en terre qui fait le meilleur far du monde
Dans ces photos immobiles mais qui semblent vivre toutes
seules
Sur la radio où sont notées les fréquences
Dans le panier en osier où sont entassés pêle mêle des
gants, un vieux pantalon et un sweat-shirt sans âge, prêts à partir désherber
le jardin
Dans mon reflet dans le miroir
Et moi je me surprends à chercher ces petites traces d’elle.
Ces petits cailloux qui ne disent rien de particulier
C’est doux et apaisant. Et déchirant aussi.
Parce qu’on
dirait qu’elle va revenir d’un instant à l’autre.