(ça fait tellement longtemps que je n'ai pas écrit que je ne sais plus comment faire. Tout à l'heure, j'ai failli aller m'allonger dans une chaise longue avec un livre avant de réaliser que je ne suis plus en vacances, que le ciel est gris et que le monde a fort fort bruissé pendant que je brunissais, comme en témoigne la to-do list de la fin août. Retrouver mon ordi me fait finalement le même plaisir qu'enfiler mon maillot le premier jour de plage : anticipation, plaisir et trouille de ne pas être à la hauteur).
L'action se passe dans un entrepôt Emmaüs.
Emmaüs était un des magasins préférés de ma mère, qui nous a petit à petit convaincus que, faisant fi de toute apparence, le beau, le pratique, l'inespéré peuvent vous y sauter dans les bras ; promesse de bonne affaire mâtinée de bonne action - autant dire un incontournable, pour autant que l'on puisse être sur place un jour où l'endroit est ouvert.
L'espace, grand, est méticuleusement séparé en pièces délimitées par des meubles.
Animés par le seul désir de nous promener sans intention particulière, nous concentrerons notre attention sur un coin qui pourrait s'appeler "vide grenier", soit un tas de petites choses de maison sans grande valeur, qu'on aurait pu appeler "des affaires de ménages" : assiettes, bols, verres, cendriers de tous les jours, témoins privilégiés de la vie quotidienne. De l'arcopal, du verre blanc, de la terre cuite, on est plus dans une ambiance de fin de vide grenier que dans une brocante au village suisse.
Tous les articles sont proprement disposés sur des étagères et des tables à tréteaux recouvertes de tissus unis. L'après-midi s'étire, les clients furètent, les bénévoles attendent les clients et deux-trois manutentionnaires sont en train de remettre en place le coin "couture" aujourd'hui fermé.
Quand, soudain, apparait, coincée entre un vase d'inspiration sino-Ikea et un cendrier marqué du sceau de la ville de Dieppe, cette tasse en verre.
(Ca tombe mal, des tasses et des mugs on en a plein les placards, ce n'est vraiment pas ce que l'on cherche).
Et cette tasse, l'air de rien, sait se faire remarquer. Parce que, justement, elle n'a l'air de rien.
Comme si le verrier avait voulu s'inspirer de ses soirées à regarder Dallas ( la bouteille de whisky de JR, carrée et sculptée comme un diamant) et de sa folle semaine à l'Oktoberfest en 1978 (la chope de bière, ronde et massive) pour créer le récipient idéal et délicat de son Ricoré du matin, dans un format somme toute réduit (on approche plus des 25 cl que de la pinte).
Une incongruité forcément réjouissante, vendue 2 euros, signe que la magie d'Emmaüs agit toujours, et qui traîne désormais au milieu du comptoir de la cuisine, offerte aux rayons du soleil avec lesquels elle joue volontiers, comme une starlette de la croisette.
PS : la chasse a également rapporté 6 petits verres dentelés Duralex (aussi appelés "verre de mamie spécial limonade qui pique très fort"), 3 sachets de Playmobil-qui-ont-tous-leur-cheveux-ce-qui-en-soit-est-exceptionnel, une véritable chope en verre et un mini vase en pseudo porcelaine bleu ciel.