mardi 31 octobre 2017

Flemme, ennui et vacances scolaires


Photo Thomas Lélu sur son compte Instagram



Passer deux semaines de vacances à la maison, avec un.e enfant, sans ami à proximité, tout en imaginant pouvoir se ménager quelques heures de travail par jour invite à s'interroger sur son rapport à la productivité, au temps qui passe et à l'ennui.

Nous avons donc d'un côté une adulte qui rêve de pouvoir allumer son ordi et expédier ce fameux dossier XX0 avant de s'effondrer sur le canapé pour terminer le roman commencé début septembre, voire faire une sieste, voire regarder le dernier épisode de This is US raté dimanche dernier. Attention, la réalisation de cet objectif est semée d'embûches et implique d'abord de surmonter l'immense poil de la main, l'incommensurable flemme qui nous saisit à chaque fois que le mot XX0 s'affiche devant nos yeux.

Et de l'autre une enfant, heureuse comme un bernique accroché à son rocher, toute à sa joie de pouvoir enfin voir sa mère plus de 2 minutes le soir, et ailleurs que dans la salle de bains où celle-ci vérifie un brossage de dents qui sinon resterait une douce chimère parentale. Enfant, qui bien évidemment, n'est pas particulièrement de nature contemplative, et qui, rapidement, montre les signes d'un ennui absolu.

(...)

vendredi 27 octobre 2017

Drôle d'endroit pour une rencontre




Il y a comme ça des photos qu'on ne se lasse pas de voir. Comme cette série de Jean-Pierre Bonnotte pour Gamma documentant la sortie en mer en 1968 d'Éric Tabarly, Alain Delon et Brigitte Bardot.

En 1968, Éric Tabarly a 37 ans, c'est un marin déjà célèbre, encore officier de marine, qui a déjà gagné beaucoup de courses. Cette série de photos est prise l'année où sort du chantier Pen Duick IV, un trimaran géant et révolutionnaire qui sera cédé deux ans plus tard à Alain Colas, qui le rebaptisera Manureva  avant de gagner une Transat en 1972 et de disparaitre ensuite, permettant à Alain Chamfort d'alimenter les ondes des radios pour les 40 ans qui suivent. Éric Tabarly est alors (et le restera) un gars guère bavard en société, vraisemblablement plus à l'aise en slip de bain et baskets sur son bateau qu'en smoking sur les tapis rouges de la croisette.

En 1968, Alain Delon a 33 ans, il a un fils de 4 ans et va divorcer cette année de sa première femme. Il est (ou va le devenir) amoureux de Mireille Darc. C'est aussi l'année où il est à l'affiche de 5 films dont La Piscine dans lequel il joue avec son ex, Romy Schneider. Le gars qui chôme pas en quelque sorte.

En 1968, BB a 34 ans, c'est une immense star qui ne peut pas faire 3 pas sans qu'une horde de photographe n'apparaisse. L'année précédente elle s'est fait fouetter par Alain Delon pour un sketch de Louis Malle tourné à Rome, intitulé "William Wilson", faisant partie du film "Histoire Extraordinaires" de Louis Malle, Roger Vadim et Federico Fellini, acclamé par la critique.
Ca crée des liens.


Drôle d'équipage donc pour une sortie en mer dont le seul témoin est une série de photos atteignant un niveau de glamour rarement retrouvé depuis. Et le web, habituellement si bavard se révèle muet sur les conditions et circonstances de cette rencontre, nous laissant libres, pour une fois, d'imaginer ce qu'on veut.








lundi 23 octobre 2017

Jouer avec les mots


Ufunk





Un livre d'illustrations pour retenir l'orthographe en faisant appel à notre mémoire visuelle, ça vous dit ? Aujourd'hui, je vous invite à découvrir cette super série de Sandrine Campese éditée aux éditions Le Robert. Après le succès rencontré par ses deux premiers livres destinés aux adultes, la spécialiste de la langue française édite cette fois une version savoureuse pour les enfants.

Sur le lien sous la photo vous découvrirez quelques exemples. C'est malin et efficace.

Et sinon, dans le même fil, vous pouvez également aller jeter un oeil au travail de Joël Guenoun, un graphiste qui a le sens des mots et des concepts tout en un.
Tous les mardis ils traduit en image un point d'actualité (ici)et sinon on peut trouver un échantillon de son travail sur son site.
Là aussi c'est malin, épatant même, et ça donne envie de regarder le français d'un autre oeil.

Bonne semaine !







mardi 17 octobre 2017

english vocabulary : trigger may be the tiger


Miles and Miles




trigger

 /ˈtrɪɡə/
WordReference Random House Learner's Dictionary of American English © 2017
trig•ger /ˈtrɪgɚ/  n. [countable]
  1. a small tongue in a gun that, when pressed by the finger, fires the gun.
  2. a device pulled or pressed to release something.
  3. anything that causes a reaction:a trigger for the fight.

v. [+ object]
  1. to cause or begin (a chain of events):Inflation triggered unemployment.
  2. to fire or explode (a gun, etc.) by pulling a trigger.


Dans l'épisode 3 de l'émission A voix Nue de France Culture (oui, je suis retournée courir ce matin), Jean Rochefort raconte comment Jean-Pierre Marielle a su trouver les mots pour le sortir de la torpeur dépressive d'un mariage malheureux et d'un échec incompréhensible au Conservatoire.
Afin de le convaincre de se rendre à une audition pour intégrer une troupe de théâtre, à court d'argument, Marielle dit ainsi à son ami "Le bus est direct" et, contre toute attente, cette phrase anodine se révèle un déclencheur suffisant pour que Jean Rochefort se rende à l'audition, soit engagé et passe 7 ans dans cette troupe de théâtre.
"Le moindre petit détail peut donner du courage et Marielle m'a sauvé" conclut Jean Rochefort.



For english readers : sometimes, out of the blue, you get the tiny itsy bitsy sparkle you need to do what seemed completely out of reach the moment before. And sometimes it changes your life. That is what happened to a very famous french actor, recently gone, who recalls how his friend, by giving me the most odd and random advice triggered his career.



PS : rien à voir mais la photo illustrant ce post est tirée du site d'un couple, Sarah Murphy et Stefaan DuPont qui voyage à travers le monde et qui en profite pour poursuivre les activités de son studio de création. C'est beau, ça fait rêver.








vendredi 13 octobre 2017

Oxymore (is never enough)




Oxymore : figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires (Exemple : un silence éloquent). Dictionnaire Larousse

Il y a comme ça des alliances qui paraissent impossibles et qui pourtant, quand on s'y colle avec un peu de curiosité, se mettent à fonctionner comme des pièces de puzzle parfaitement emboitées.


mardi 10 octobre 2017

A propos de l'élégance et des vêtements





Les vêtements, ça a quelque chose de futile, d'énervant, de saoulant, d'indispensable et de négligeable. 

Preuve en est l'uniforme que nombre d'entre nous revêtons chaque jour pour ne pas avoir à nous poser l'épineuse question qui met le bazar dans notre organisation millimétrée du matin "mais qu'est-ce que je peux mettre". 

On a aujourd'hui, et c'est heureux, le plus souvent le privilège de choisir son uniforme.
L'uniforme peut être un pantalon noir et des baskets ou un costume bleu marine avec une chemise blanche (Hello Barack) ou un pull bleu avec un jean brut et des boots (Hello Jean) ou un total look Décathlon. Si l'habit reste un marqueur social, les coutures s'en sont un peu détendues et à moins de travailler dans la banque ou dans l'assurance, l'éventail des propositions est large et chacun peut composer sa panoplie presque comme il l'entend.

Et pourtant, la fashion week vient de se terminer (mais va-t-elle vraiment s'arrêter ? J'ai l'impression qu'elle est toujours en ligne quelque part), nous sommes assaillis de propositions plus ou moins alléchantes pour renouveler sans cesse notre penderie, et bon sang de bon soir, l'habit, quoi quoi dise, quoi qu'on fasse, fait encore bien souvent le moine.

On peut le prendre comme une tannée, une injonction insupportable, de la gourmandise ou une malédiction.

Sophie Fontanel, elle, passionnée par les vêtements, a une toute autre explication, qu'elle nous livre à l'occasion d'un hommage rendu à Jean Rochefort, disparu dimanche soir.


"Je vis les cardigans dans des couleurs dingues quand personne n'en portait. Je vis les grandes écharpes rouges, les trenchs verts, les pantalons de velours qui ne faisaient pas penser à mes professeurs d'université mais à un excentrique Hongrois. Et je vis le lien, entre ce chic libre et décalé, et la vie sexuelle.
Et je compris que les vêtements expriment la suite de ce que la peau voudrait dire. Et je compris de lui, là, qu'il disait au monde qu'on n'a jamais le droit de s'emmerder."


Ainsi donc, la manière dont on s'habille peut aussi être le vecteur silencieux d'un message subliminal, le vecteur de notre humeur au monde, de notre vraie nature intérieure.

L'élégance de Jean Rochefort n'était pas d'être un clone des tendances de la mode, elle n'était pas non plus de s'afficher avec un SMIC sur le dos. Non, elle était de laisser libre court à sa fantaisie et de laisser voir son élégance et sa liberté intérieure.

Prenez une moche personne et habillez là avec une panoplie de Jean Rochefort, et il sera au mieux ridicule, au pire affligeant.

Et ça c'est rassérénant non ?


L'intégralité de l'article (avec un titre qui ne le sert décidément pas) est à retrouver ici : "le style de Jean Rochefort a marqué une époque"

mardi 3 octobre 2017

Je suis un héritage

Catwalking/Getty Images on Man repeller

Demna Gvasalia, créateur de Balenciaga, est né en Géorgie en 1981.
Il a donc 36 ans, ce qui fait de lui, non pas un poulet de l'année ni vraiment un Millenial mais ce qu'on pourra appeller un fringant représentant des glorieuses 30's, cette tranche d'âge qui fait super peur aux vingtenaires et déclenche une irrépressible nostalgie chez les 40 ans et plus.

A chaque saison, Demna puise son inspiration dans le passé et la twiste (avec ce qu'on imagine être de la jubilation) pour proposer des silhouettes... euh... différentes.

Pourtant, passé le premier choc de voir passer un manteau à 4 manches ou des crocs à plateau couleur  crayola sous acide, il reste au fond de mon crâne un sentiment de vague réconfort et l'envie irrépressible de trouver ce créateur formidable.

Mais pourquoi diable me direz-vous ? Serait-ce un signe supplémentaire de mon aliénation à la dictature de l'image ?

Même pas.

Après d'intenses recherches et réflexions, le visionnage intensif des photos qui créent dans ma rétine une explosion de silhouettes dégingandées en technicolor, bam, la révélation.

Demna me plait parce que Demna parle à l'ado en moi.
A l'ado qui a porté fièrement son pull sur ses épaules par dessus une chemise à rayures de son père.
Qui a accroché à ses oreilles des grosses créoles en plastique bleu et porté son Burberry crânement ouvert par -10°c.
Qui a eu un sac banane et une ceinture chaîne.

On avait cru qu'il faudrait vivre toute notre vie avec cette croix d'avoir grandi dans les terribles 80's avec leur parfum de skaï et de débauche de signes extérieurs de bourgeoisie un peu moisie. Alors qu'il fallait juste attendre que la roue tourne. Ouf.

PS : plus de photos du défilé ici

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