mardi 20 mars 2012

Love is hard


Elle n'a pas de temps à perdre. 
Accrochée à sa poussette, un enfant à gauche et un autre à droite, elle trace sa route sur les trottoirs encombrés. 
Même de dos, on sent la tension dans tout son corps, dans toute sa tête : déposer le petit chez la nourrice, déposer la cadette à l'école primaire et traverser la route pour laisser le petit à la maternelle. Attraper le train de 8 heures 32, et puis le bus, le métro avant d'arriver pile à l'heure pour embaucher. Le parcours est millimétré, chronométré. 
Elle n'est pas bien réveillée mais ses pieds vont tous seuls.
Ses grands papillonnent autour d'elle. S'arrêtent pour regarder une trace sur le bitume, essayer de composer les codes des immeubles. Ca ne l'amuse pas, mais ça ne la dérange pas non plus. Elle repète machinalement "allez, venez" "dépêchez vous on va être en retard" en pensant au premier client qui l'attend et à la facture à faire pour Pottier. En pensant aussi à son lit qu'elle a quitté trop tôt et qui l'appelle. Elle aimerait bien prendre son temps, sauter dans les mini flaques avec eux mais ce n'est vraiment pas le moment. C'était dimanche au parc, ou l'été dernier à la plage. Là, elle a le train de 9 heures 32 dans le viseur et n'a vraiment pas la tête à se laisser attendrir. 
Eux s'en fichent bien, ils vivent dans leur monde, affrontent des terreurs et font des découvertes merveilleuses, se chamaillent et profitent de la présence de leur mère jusqu'au bout du plus loin possible.

Ce matin, elle a attrapé une jupe, un collant et ses bottes en vinyle. 
Elle est féminine elle aime les vêtements ajustés, près du corps, qui mettent en valeur sa silhouette nerveuse et sportive.
La jupe est en stretch, elle épouse ses formes et se plie à ses grandes enjambées sur les trottoirs encombrés. Elle est aussi très courte, juste sous les fesses, fond noir avec une inscription qui se répète comme une ritournelle tout autour du tissu : "love is hard"

lundi 19 mars 2012

23 heures 07


Râââ ce moment où on se dit qu'on serait mieux au lit.
Où on peut quasi sentir la fraicheur de l'oreiller, le poids qui ne pèse pas de la couette.
Le noir, le silence.
Et le cocon qui se referme.



Et avant de clore la journée, une petite lecture vespérale et rigolade : l'explication de l'expression swag. Avous la gloire à la machine à café demain... Et les regards dédaigneux des ados désolés de vos efforts pour rester dans le coup. Car rien n'est pire que d'essayer de pénétrer leur monde. Et rien n'est plus jouissif que de le faire quand même. Na.

dimanche 18 mars 2012

Le deuxième effet kiss cool



7 heures 15 : je tombe du lit, poussée par Nicolas et Bruce qui parlent de France Forte et de course présidentielles. Arrgh, il a dit course ? Ca me rappelle un truc. 

8 heures 15 : quasiment prête. Me reste juste à trouver une culotte de course (on sous estime énormément l'importance de la culotte de course dans l'équipement de sport), un t-shirt de course, un legging de course, des chaussettes de course et des chaussures de course. Je trouve la culotte dans le tiroir à culottes, les chaussettes dans le tiroir de Jeanne, le legging chez Adèle et le t-shirt dans la caisse rugby de Henri.

8 heures 32 : Perrine arrive gaie comme un pinson et couverte comme un Yéti. Il faudra m'expliquer pourquoi elle ne met pas de manteau par -15 mais ne court pas sans 4 couches sur elle ?

8 heures 34 : "session started" dit le chrono de Perrine. Une voix d'hôtesse implacablement décidée à nous tirer par les cheveux si on freine avant 1 heure donne le signal du départ.

8 heures 34 - 9 heures 05 : programme de la semaine passée, névroses et fous rires, calage d'agendas et critique cinéma des navets subits ces derniers jours. Management appliqué, consultation anti-allergie et conseils de nutrition. Notre course est au programme télé féminin lifestyle de milieu d'après-midi ce que Pierre Hermé est au macaron Ispahan : un chef d'oeuvre, pas moins. 

9 heures 05 :Perrine se dit tout haut que ce serait trop bête de ne pas aller plus loin pour une fois : allez, viens, 1 petit kilomètre de plus, pour se faire plaisir. Mes pieds obtempèrent, ma bouche est trop occupée à décrire la recette de la daube de boeuf inratable chourée à Jamie Oliver et transformée en base de lasagnes lundi soir.

9 heures 44 : la porte du portail grince. Perrine coupe le sifflet de la dame au compteur. Etirements, congratulations réciproques, grand verre d'eau, pain beurre et carrés de choc'. Trop facile ce kilomètre en plus, une vraie ballade, non ?

10 heures 30 : dans la douche. Mal de tête, bouche pâteuse, grosse envie de dormir. Je me sens comme un lendemain de fête. Mon corps se révolte et me le fait savoir. Je me sens vieille et prête à avaler un boeuf. So long la poignée de calories perdue sur les bords de Seine. 

18 heures : ça va mieux. La honte. Une gueule de bois de jogging. Je noie mon incompréhension dans la tisane détox et la baguette viennoise.


9 heures 30 le lendemain : je raconte ma mésaventure l'air de rien à ma coach forme. Qui me confirme, sans rire, que ça peut arriver. Mais que c'est bien, que "le corps aime qu'on lui fasse mal de temps en temps" et que la prochaine fois je ferai mieux de "manger une poignée de fuite secs plutôt que du pain choc après l'effort". Zut, si en plus il faut manger équilibré...


jeudi 15 mars 2012

T'as trop le swag, Steve

L'affaire Thomas Crown via Fanny


Elle a l'air un peu nunuche ta copine, dis donc (en vrai, Faye Dunaway est sublime, mais là sur l'image avec sa robe sac et des ongles en amande, on peut raisonnablement penser qu'elle est pas guitte guitte comme on dit chez moi).

Alors que nous on est canons. Mais tu peux pas le voir, là, t'as l'air bien trop occupé.




PS : j'apprends avec stupéfaction que vous ne pouvez commenter mes posts ? C'est donc pour cela que je ne sens de vous que votre soutien silencieux et bienveillant... Tout s'explique. Je vais regarder ça de près, promis.

mercredi 14 mars 2012

Mercredinstagram #2 : Ca sent bon



Ca sent bon le printemps depuis quelques jours.
Les yeux me piquent et mes narines frémissent, ah oui, les cerisiers sont en fleurs.
Quand on lève les yeux et qu'on cherche les premiers oiseaux dans les branches, on attend la caresse des flocons de pétales qui vont nous tomber sur le nez. C'est un peu niais certes, mais ça met de bonne humeur




On sort la décapotable et on laisse ses cheveux s'emmêler doucement dans le vent. La liberté a un goût incomparable quand on la vit à 100 à l'heure, seule sur les chemins de terre.



La terrasse prend des airs napolitains et les vêtements le soir sont raides et frais. Il faut les mettre sur sa joue pour évaluer si le frais est humide ou juste frais, prêt à ranger dans les armoires, plié et lissé à la main. Pour un peu la corvée du linge deviendrait presque une expérience polysensuelle comme les pubs avec un nounours et des fleurs qui s'élèvent en tourbillonnant au dessus de serviettes éponges qui n'en demandaient pas tant.






Last but not least jalon du printemps qui couve, Monop' met en rayon ses Bensimon. Cette année l'éventail est patriote. Attention, mise en rayon le mercredi, disparition du 37, 38 et 39 à partir de jeudi soir. La Bensimon reste l'élément majeur de la garde robe de la jeune fille en fleur et de son alter ego, le jeune homme à gel.

mardi 13 mars 2012

la minute Isaac Newton


Vous le saviez, vous, que le bonheur, le plaisir, la baraka, la feeeeeelgood sensation, ce n'est pas un capital de naissance qu'on use au cours de la vie mais un genre de méta-matière qui grandit à mesure que l'on s'en sert ?

Moi non.
Et ça change tout.

lundi 12 mars 2012

Coupe coupe


Rassurez-moi.
Dites-moi que vous aussi vous repoussez le plus possible le moment où vous devrez passer la porte de chez le coiffeur.

Cette bouffée tiède de sèche cheveux, d'odeur de shampooing mêlée au gel et à la laque. Le blanc des murs, le blanc des blouses, et le skai des sièges qui glisse quand on s'assoit.
Les magazines people qu'on lit avec application, les photos de coiffure pliées dans la poche ou calées en écran d'accueil du téléphone.
Le shampoing "ça vous va la température" et la coiffure de Grand Mamamouchi avec laquelle on devient sourde et figée dans son siège.
L'arrivée devant le miroir, le sac à mains aux pieds.
Et la phrase faussement engageante "alors qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?"à laquelle on répond embarrassée : "pas trop court, mais plus net, féminin mais pas gnangnan, vous voyez non ? Moi en mieux. Je vous ai apporté des photos"
La réponse parfaitement assurée de la coiffeuse qui glace au moins autant qu'elle rassure : "Mmmm. ok, on y va".

Le bavardage léger et les yeux rivés sur le miroir. Les ciseaux qui coupent, qui coupent, et les cheveux qui tombent, qui tombent. La tranquille assurance de l'artiste qui tourne autour de notre tête, qui n'a pas l'air de se rendre compte que ça ne va pas du tout, tous ces cheveux qui tombent.
Le bavardage léger qui s'étire et qui s'éteint. L'artiste parce qu'elle évalue le nombre de clients qui attendent leur tour, et la cliente sur le siège qui imagine sa tête une fois que tous ses cheveux seront tombés. Qui calcule le prix qu'elle pourrait en tirer avec tous ses cheveux si elle vivait dans le Cheval d'Orgueil.

Le séchage, délicieux dans la nuque et annonciateur de la fin. Le produit coiffant qui caresse les narines. Le gros plumeau pour les petits cheveux autour des oreilles. Le miroir qui fait le tour de la tête, seul moment de l'année où on a des yeux derrière la tête.

Et cette dame bizarre qui regarde dans la glace là où on était il y a 20 minutes. C'est nous ? Ah oui. la réponse rituelle "oui, c'est super, c'est plus frais" sans en être toute à fait sûre.

Faut il être délicieusement masochiste pour s'imposer des épreuves pareilles...




PS : mon obsession se manifeste ici aussi.

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