Quand on a des enfants, on s'expose à tout un tas de situations cocasses.
(Je dis cocasses parce que le mot cocasse est largement sous estimé).
On se retrouve parfois à faire des choses, à dire des choses qu'on pensait réservées à d'autres que nous.
La première fois qu'on doit sortir avec un landau dans la rue, le jour où on réalise qu'on passe tous ses dimanches aprem au parc à jouer les vigies, les courses gigantesques chez Leclerc tellement plus efficace si on a fait les menus de la semaine, les
réunions d'école.
C'est pas qu'on est moins cools, c'est pas qu'on est plus vieux, c'est juste qu'on se trouve embarqués dans un chemin qui est, qu'on le veuille ou non, semé de petites balises incontournables, à la fois rassurantes, désespérantes, et aussi.. cocasses quand on réussit à les voir avec un peu de hauteur.
Là, maintenant, tout de suite, j'ai l'impression d'avoir passé une étape capitale - ou mieux cardinale pour continuer à filer la métaphore marine.
On accueille des correspondants étrangers à la maison.
Version light, hein.
4 jours, ils sont occupés pendant la journée, on ne doit jouer les hôtes parfaits que le matin, le soir et samedi toute la journée. En plus ils sont deux, donc au pire, ils s'ennuient à deux dans leur chambre.
Le hic, c'est qu'ils ne parlent pas un traitre mot de Français. Et qu'ils ont encore cette décontraction de l'enfance qui les pousse à nous faire des discours sans geste, sans expression, pour nous demander un truc dont on n'a aucune idée de l'importance.
Parce que le polonais, mesdames, messieurs, ça ne ressemble à rien. En tous cas, ni à l'anglais, ni à l'allemand, ni même au breton.
Et l'on se retrouve alors dans ces situations totalement absurdes où chacun de son côté parle dans sa langue tout en sachant pertinemment que l'autre n'y comprend goutte mais sans trop savoir comment faire autrement.
Dans ces cas là, on découvre le langage universel des über-marques et des symboles transfrontaliers.
Halte au rafraîchissement, au verre d'eau, et viva le "Coca Cola" !
Prononcez les deux syllabes magiques "pizza" et immédiatement un grand sourire barrera le visage jusqu'alors perplexe de votre interlocuteur.
Dites "soupe" et vous verrez le même visage réjoui redevenir beaucoup plus hésitant, avant qu'une dénégation timide ne crée une franche complicité entre tous les habitants de moins de 15 ans de la maison.
Lâchez deux garçons dans une chambre de garçon et observez les se jeter en connaisseur sur le double fusil mitrailleur à cartouches en mousse NERF, le soupeser et engager immédiatement une nouvelle bataille trans-polochons ponctuée de "schdong" et de "bang" contre la puissance invitante, plutôt contente de s'en tirer à si bon compte.
Et je comprends mieux pourquoi ma mère m'a toujours dit qu'on peut s'en sortir partout avec des sourires, des gestes et un peu de bonne volonté.
(à suivre)